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Troye Sivan, vlogueur en vogue

Le jeune Australien, ouvertement gay, a fait de YouTube un tremplin vers la célébrité et la pop culture. Les vlogueurs, ultimes héros de la génération Y?

«Strike the pose. Vlog.» Tel pourrait être le refrain de la génération Y, cette cohorte de «millénials» nés entre 1980 et 2000 dont vous, lectrice, lecteur, lecteuse, faites peut-être partie. Nos adolescences ont suivi à la lettre les trois S de la révolution numérique: Smartphone, Selfie, Social networks. Et le Y? Référence à la génération X qui nous précédait? Mais non, enfin. Y, c’est pour génération YouTube. La télé est morte, vive le «vlogging». Contraction de «video» et «blogging», le vlogging consiste à mettre en scène sa vie devant une webcam et à balancer le résultat en ligne quotidiennement, en accumulant éventuellement des millions de subscribers. Le vlogging, c’est un peu la gloire mise à portée de clic, la démocratie faite star-system, c’est vous et moi (et surtout votre voisine) en concurrence directe avec Kim Kardashian – ou presque.

Et les vlogueurs LGBT? Ils sont légions (avec une majorité de garçons). Il y a Connor Franta, minet malin sous sa houpe chaloupée, Ariella Scarcella et ses tutos lesbiens, Taylor Oakley en mijorée survitaminée ou encore Mark et Ethan, couple gay archétypal (jeunes, mignons, minces, blancs, musclés) qui n’a pas fini de nous filer des complexes. Et puis il y a Troye Sivan. Avec ses yeux un peu trop grands qui lui mangent son visage sans âge, Sivan est le nouveau cheval de Troye des célébrités YouTube. Sarcasmes à répétition, engloutissage de beurre de cacahuète à la moutarde ou parodie photoshoppée de Kylie Jenner, l’Australien, 20 ans, a su se jouer des codes du star system avec suffisamment de second degré pour faire oublier ses ambitions de célébrité en devenir (avant même de se faire un nom sur YouTube, il avait déjà joué dans plusieurs films et publié quelques singles).

Jolie naïveté
La vidéo de son coming out, il y a deux ans, est une de ces séquences ultra-émotionnelles où fragilité sincère et spectacle de soi semblent inextricablement liés. Si la sortie de placard est un trope du vlogging, Troye Sivan en est la plus pure figure de style: un ado gay dont la verve, le talent et le courage de s’affirmer lui valent reconnaissance et succès. A tel point que le récent album de Troye Sivan, «Wild», a débuté tout en haut des charts australiens et américains. Voix évaporée et pop synthétique, le clip de «Wild» raconte le flirt de deux enfants – Troye bambin et son amoureux secret – avec une jolie naïveté. Même Taylor Swift, sous le charme, s’est fendue d’un tweet d’encouragement. Troye Sivan est entré dans la cour des grands.

C’est bien sûr une excellente chose qu’une comptine romantique non-hétéro puisse rencontrer pareil succès mainstream. Mais la vidéo de «Wild» raconte aussi autre chose. Ce qu’on y voit, en filigrane, c’est un jeune millénial devenu célèbre qui contemple avec nostalgie sa part d’innocence perdue. Etrange miroir tendu à notre génération Y(ouTube), à la fois propulsée et consumée par la culture d’Instagram et le flot inéluctable de nos propres images et mises en scène. Strike the pose. Vlog.