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Homophobie, nouvelle génération: Des stéréotypes enracinés

Céline Perrin, 36 ans, assistante à l’Université de Lausanne, travaille sur l’homophobie chez les jeunes et tente de démonter le mécanisme de l’exclusion.

Votre recherche fait le lien entre homophobie et conflit de genre, pourquoi?
D’autres chercheurs ont travaillé sur l’idée qu’il y avait des liens entre domination masculine et homophobie. J’essaie de démontrer que l’homophobie fonctionne comme un «garde-fou» des normes. Je me base sur 25 entretiens avec des gays et lesbiennes de 16 à 28 ans, notamment sur leurs expériences à l’adolescence.

Les jeunes sont-ils plus homophobes que les adultes?
Oui, si on considère l’homophobie comme sanction des individus qui transgressent les normes de genre. A l’adolescence, on cherche à construire son individualité, cela passe par une adhésion forte à des stéréotypes et par le dénigrement des personnes qui n’y correspondent pas.

Sont-ils plus homophobes en groupe?
Oui, pour les garçons en particulier. Il y a un enjeu lié au fait d’affirmer, envers les autres, son appartenance au groupe des «hommes», à prouver qu’on n’est ni une «femmelette», ni son équivalent symbolique: un pédé. Ce qui illustre bien la hiérarchie entre le masculin (valorisé) et le féminin (jugé inférieur). Certains des gays que j’ai rencontré ont été victimes de harcèlements, voire même de violences physiques, parce qu’ils ne correspondaient pas à ces normes. Une stratégie de protection peut être alors de surenchérir sur la virilité, par exemple en se montrant macho envers les filles, ou homophobe.

L’homophobie a-t-elle plusieurs visage?
Elle est différente envers les gays et les lesbiennes, parce que le masculin a socialement plus de valeur que le féminin. La sexualité n’est pensée que du point de vue masculin: entre deux femmes, elle est considérée comme un enfantillage. Un homme, s’il est homo ou s’il est insuffisamment viril, déchoit dans la hiérarchie. Alors qu’une femme «masculine» ou une lesbienne n’est pas si fortement dévalorisée, elle est plutôt ignorée… Mais tout n’est pas plus facile pour les lesbiennes. La norme hétérosexuelle s’impose à elles de manière plus forte, leur invisibilité sociale faisant qu’elles n’ont pas de modèles – même négatifs – auxquels s’identifier.

Mais homosexuel ne veut pas dire efféminé.
Non, bien sûr. Mon étude pourrait toucher aussi bien de jeunes hétéros qui sont rejetés parce qu’ils ne correspondent pas plus à cette image. Il n’y a pas besoin d’être pédé pour se faire traiter de pédé! Ce stéréotype vient des débuts de la psychiatrie, au XIXe: l’homo (efféminé), c’était une âme de femme dans un corps d’homme, ce n’était pas un «vrai» homme. La lesbienne (masculine) pour sa part «contrefaisait» le comportement de l’homme.

Aimeriez-vous agir sur la société?
Oui, je n’ai pas l’impression que les stéréotypes aient beaucoup changé. Le discours ambiant c’est la tolérance, pas l’égalité. C’est encore de l’homophobie: «Les homos sont différents, on ne va pas leur donner les mêmes droits qu’aux hétéros.». Comme si ce qui est différent ne pouvait pas être égal.