Martigny prêt à devenir le carrefour des communautés LGBTIQ+

«Soi-même, partout!», c'est le slogan adopté par la Pride de Martigny, qui battra son plein le weekend du 19-20 juillet. On fait le point sur le grand rendez-vous romand des visibilités.

Bientôt à chaque ville sa marche des fiertés? Ces dernières semaines, on a déjà vu défiler les pride dans des endroits inédits, comme Sallanches (Haute-Savoie) ou Liestal, mais aussi Coire ou Kreuzlingen. Sans compter la Pride de Berne (le 3 août), on défilera encore à Lucerne (le 31 août) et à Aarau (le 7 septembre) ces prochains mois. Autant de villes moyennes, parfois de moins de 20’000 habitants, qui accueillent souvent leur première Pride. C’est le cas de Martigny, ce weekend du 19-20 juillet.

Cindy Giroud, porte parole de l’événement valaisan, ne voit pas forcément ces célébrations locales se multiplier. Elle se dit attachée au format actuel en Suisse romande, qui veut qu’une ville accueille une pride unitaire. L’organiser à Martigny, c’est «être plus proche des gens, et surtout sensibiliser les personnes non concernées, ainsi que la communauté, sur le fait que chacun·e·x peut être soi-même partout, également dans des plus petites villes, que tout le monde est concerné par le vivre-ensemble.»

Encore en quête de renforts

Carrefour éphémère des communautés LGBTIQ+ romandes, le rendez-vous martignérain ne sera pas un petit événement. De 8000 à 10’000 personnes sont attendues autour de son épicentre de la place du Manoir. Un gros défi pour les organisteur·ice·x·s et les bénévoles, venu·e·x·s de tout le Valais et même de Neuchâtel ou Genève. Les plannings sont au complet… ou presque. «Il nous manque environ 20-25 bénévoles, confie Cindy, pour nous aider surtout le jour J (le 20 juillet) sur la place, pour les différentes tâches allant du service au bar à la sécurité, en passant par la logistique et le nettoyage.» L’appel est lancé, et les inscriptions sont encore les bienvenues sur mypride.ch/benevole

Quant au programme de spectacles et animations, il est au complet. Et il est alléchant, avec le duo de French pop synthétique Fancy Dolcy, la pop mâtinée de funk-rock d’Hybisae, le projet Oiseaux de nuit, qui mélange drag act et DJing, et l’hypnose sonore et visuelle de Hot Hot Love, pour ne parler que du samedi. Et dans le rôle de cerise sur le gâteau, la Genevoise Moon, légende de Drag Race France. «En plus d’être notre maîtresse de cérémonie, elle fera deux prestations scéniques», se réjouit Cindy. Il y aura aussi un échauffement festif le vendredi (avec Festison et Tarah Perr’s ) et, en guise de bouquet final du samedi, une after sous l’enseigne de Queernotzet aux Caves du Manoir, notamment avec le groupe français Minuit Machine.

Préoccupations nationales et internationales

Mais la pride, c’est avant tout une question de visibilité et de revendications. À ce titre, les militant·e·x·s LGBTIQ+ ont été mobilisé·e·x·s, ces derniers mois, que ce soit pour dénoncer les attaques visant les personnes trans*, ou pour protester contre le racisme, l’extrême droite et la guerre à Gaza. Dans ce climat très politique, le défilé de Martigny aura comme un goût de synthèse. Les organisteur·ice·x·s ont choisi un slogan fédérateur, «Soi-même, partout!». «Nous l’avons construit en réfléchissant à ce qui se passait en Suisse principalement, car certaines thématiques comme les thérapies de conversion, les discriminations au travail, la formation des professionnels de santé ou encore la prise en charge des personnes LGBTIQ+ âgées dans les EMS et l’intégration des jeunes LGBTIQ+ dans les établissements de formation (écoles, collèges, unis etc) nous intéresse et nous concerne plus», explique Cindy Giroud. «Mais nous n’oublions pas les thématiques internationales, puisque nous nous sommes aligné·e·x·s sur les revendications de la Pride de Genève.» Elle précise que parmi les prises de parole politiques et militantes, il y aura celle de l’ONG Prismi. «Son représentant, Gaspard Nordmann, pour faire un bilan de ce qui se passe à l’international afin de sensibiliser les personnes présentes à ces enjeux tout en leur proposant des moyens d’action.»

Plusieurs associations et groupes ont prévu des ateliers de slogans ou de confection de pancartes, comme Alpagai, Lestime ou encore VoGay. À chacun·e·x de faire entendre sa voix, avec gravité ou humour, en solo ou en chœur, dans les rues de Martigny.