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«Je ne pense pas en catégories, je fonctionne à l’instinct»

«Je ne pense pas en catégories, je fonctionne à l’instinct»

Michèle Fornera, modèle, vit entre Ascona (TI) et Londres.

«Not Him, neither She nor They but Me» est sa devise. Soit, «Ni lui, ni elle, ni iel, mais moi-même». Les cases des genres et de l’âge, Michèle Fornera rêve de les faire voler en éclat. En témoigne le titre du documentaire que lui consacre la RSI en mars 2020, la créature androgyne se considère comme une sirène. Un parcours solitaire, entre terre et mer. Silhouette élancée, port de tête altier, regard d’une beauté pure dans lequel on devine la mélancolie, Michèle ne ressemble à personne. Fatalement fabuleuse.

Londres, terre promise de tous les possibles

En quittant son Tessin natal pour Londres en 2016, Michèle rajoute l’accent grave sur le «e» de son prénom: «Je voulais un nom plus unisexe, mon prénom italien Michele permettait ce jeu. Né dans un corps biologique masculin, mes goûts n’étaient pas retenus comme adéquats par les critères sociaux pour une personne de mon genre où j’ai grandi, à Ascona.»

Outre cet accent qui ouvre son horizon, l’anglais convient parfaitement à sa philosophie: «Cette langue ne fait pas de distinction de pronom masculin ou féminin. Le pronom ne change rien pour moi, c’est la personne qui compte. Il y a quelque temps, la grand-mère de ma meilleure amie ne m’a pas reconnu tout de suite. À ma question: «Qui suis-je?», elle a répondu: «Pardonne-moi, je me demandais qui était cette belle fille». Honnêtement, je préfère être considéré comme une belle fille qu’un garçon moche», on l’entend esquisser un sourire au téléphone.

Le fracas de l’adolescence

Son billet pour Londres est sans retour, si ce n’est le temps du festival du film de Locarno. Même dans le décor de carte postale du Tessin, l’existence pour une personne queer est compliquée. «C’était intenable pour moi, se souvient Michèle. J’ai un souvenir horrible de mon adolescence, j’espère que c’est différent aujourd’hui.» Le rejet des autres, les railleries, la violence, tel est son lot quotidien au collège. Un combat sans merci qui fait écho à toutes les personnes «différentes» ayant grandi en province. Dans son cas, l’issue de secours se situe dans la capitale du Royaume-Uni qui a érigé la liberté en valeur absolue et où Michèle poursuit des études au London College of Fashion.

Ladies and gentlemen, Miss Grace Jones!

Sans se revendiquer fan, mais sans hésitation, Michèle cite Grace Jones comme «role model»: «De la star jamaïcaine ayant fait de son androgynie sa force, je retiens que l’unique moyen de réussir sa vie, c’est de rester soi-même.» Jean-Paul Gaultier est également une figure importante dans son développement. «Aujourd’hui, on parle de mode nongenrée. C’est le premier qui abordait ces sujets dans sa mode dès le début des années 80. C’est une icône absolue, située au-delà des tendances.»

En guise d’épilogue, relevons la déclaration de Mika récemment partagée sur son mur Facebook. En substance, le chanteur libano-britannique affirme qu’aucun compromis n’est permis dans la différence. «Tu as du succès ou tu n’en n’as pas. C’est cruel, mais c’est la réalité. Il n’y a pas d’entre-deux, c’est tout ou rien», conclut Michèle sur un ton songeur et hypnotique. Au royaume des sirènes contraintes à voguer éternellement entre deux eaux, le tiède n’existe pas.

Bio express
Michèle Fornera
Entre 20 et 30 ans
Modèle
Facebook: Mx Michèle
Instagram: uninvitedmichele

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