Genève snobe les touristes gay
Tandis que les villes alémaniques se mettent sur leur 31 pour profiter de l’effet Europride, Genève vient de cesser sa participation à la campagne de promotion de Suisse Tourisme auprès des lesbiennes et gays internationaux.
Fin janvier, on apprenait que l’Office du tourisme de Genève avait décidé de mettre fin à sa participation dans la campagne de Suisse Tourisme destinée aux lesbiennes et gays internationaux. Drôle de timing pour cette modeste économie de 6000 francs (sur un budget d’environ 3 millions), alors que Zurich s’apprête à accueillir l’Europride. «Ces restrictions sont dues à une situation budgétaire délicate et touchent plusieurs campagnes. Ce n’est pas une décision ciblant spécifiquement le segment gay», s’empresse d’assurer la chargée des relations publiques de Genève Tourisme Joëlle Snella, ajoutant que la promotion du tourisme genevois travaillait à des offres et des nouvelles pages web pour cette clientèle… à l’horizon 2010.
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En attendant, Genève Tourisme continue de présenter dans la section «gay et lesbiennes» de son site web l’image – assurément irrésistible – de la «ville de la Réforme ayant impulsé un vent de liberté», agrémenté d’un listing téléphonique d’établissements LGBT (certains fermés depuis plus de trois ans), le tout sous la forme brute de quatre pages PDF au graphisme glaçant. Autant dire que le contraste est saisissant avec le guide attrayant et actualisé qui présente Genève aux gays anglophones dans la dernière brochure de Suisse Tourisme.
Le budget romand de la campagne «gay-friendly» étant partagé par les deux grandes villes lémaniques, la défection genevoise a bien failli entraîner celle de Lausanne. Sauf qu’ici, ce sont les commerçants de la scène gay qui ont rattrapé l’affaire in extremis… en ouvrant leurs porte-monnaie. Organisateur des soirées Jungle, Alex Herkommer admet toutefois que Lausanne Tourisme a fait des progrès. «Il y a longtemps eu une méconnaissance totale», explique-t-il, évoquant le temps où les journalistes de la presse gay étrangère se voyaient proposer pour tout aperçu de la capitale gay romande une balade en bateau et un verre de Dezaley. «Aujourd’hui, ils se sont aperçus que ces campagnes avaient des retombées importantes. Zurich l’a compris depuis bien longtemps. C’est pour cela que Genève rate encore une belle occasion.»
Image: Campagne de Suisse Tourisme