À l’Est, un bain de chaleur humaine
Didier Bernard, gérant du sauna Les Bains de l’Est, met tout son cœur dans le contact avec ses clients pour que règne le plaisir au lieu du malaise à se promener cul nu parmi les autres.
Ma première fois dans un sauna gay. Pas pour profiter de rencontrer un homme le temps d’un bain de vapeur, mais pour discuter avec son gérant, Didier Bernard. Je ne savais pas à quoi m’attendre en entrant dans «Les Bains de l’Est», j’avais même un petit a-priori négatif, pour tout dire. Mais en franchissant la porte complètement opaque, j’ai été surpris d’être à l’aise immédiatement, et de voir un petit jardin d’Eden à Genève.
Ce confort, c’est justement à Didier que je le dois. Le jeune quinqua, derrière ses lunettes à écailles, transpire la chaleur humaine. Et il met un point d’honneur à faire de même avec tous ses clients: «J’aime le contact avec les gens. Sans cela, il faut arrêter immédiatement. L’accueil est important aussi, et mes employés font tout pour que les gens se sentent à l’aise, ce qui n’est pas évident.»
«Oser venir dans un sauna, ça vient avec le temps»
Ceux qui, comme moi, n’ont jamais mis les pieds dans un tel lieu, pensent souvent qu’il n’y a que des vieux qui passent de bain en bain avec un détour par les cabines, et que l’endroit suinte le lugubre. Que nenni! L’ambiance est feutrée est agréable: «Attirer des jeunes n’est pas évident. Ils trouvent que c’est glauque et qu’il n’y a que des personnes âgées», confie un peu dépité Didier. La moyenne d’âge de la clientèle se situe dans la tranche 30-40 ans. Autant dire la fleur de l’âge d’une sexualité assumée et libérée: «Oser venir dans un sauna vient avec le temps. Le comportement sexuel change, on est moins timide et réservé», explique le gérant, toujours souriant.
Didier a repris les Bains de l’Est en 2012, «pour qu’il y ait une continuité, et préservé un sauna gay à Genève.» Tous les jours, ou presque, il vient travailler, il adore cet endroit. Son moteur pour ne pas lâcher? «Les clients, clairement. C’est eux qui me font avancer.» Des clients parfois compliqués: «Les hétérosexuels viennent aussi, et avec eux c’est parfois difficile. Ils boivent beaucoup et montent sur les cabines. Il faut être attentif.» Et cette attention, Didier la voue aussi à sa clientèle, en discutant avec les gens pour les mettre à l’aise, ce qu’il sait très bien faire par ailleurs, expérience faite. Pour autant, «il faut aussi savoir rester discret avec eux, et ne pas poser trop de questions sur leur vie.»
Avant de partir, sans oublier de caresser le petit bouledogue anglais qui participe activement au charme du lieu, Didier m’a gentiment offert deux entrées: «Ainsi, tu pourrais enfin venir essayer un sauna gay, profiter d’un moment de détente, et plus s’il y a.» Sans en faire la promesse, découvrir un gérant si amical et un lieu si chaleureux me donne l’envie d’y revenir, cul-nu cette fois-là.
Rue de l’Est 3, 1207 Genève www.bainsdelest.ch
Sans vapeur
Didier se tue presque à la tâche pour entretenir son sauna et mettre à l’aise toutes les personnes qui y entrent. Mais il sait aussi profiter de son temps libre… Une promenade avec son chien en Vieille Ville de Genève: «Il y a vraiment de magnifiques balades à faire dans ce quartier. C’est reposant, et le charme est propice pour quitter un petit moment le stress quotidien» Tout près du sauna, pratique, il y a le restaurant Nid’Poule, au 26 rue Adrien-Lachenal: « Un cadre vraiment sympa. Un de mes amis y travaille, et il cuisine vraiment très bien ! » Après la chaleur des bains, un petit endroit pour se rafraichir ? C’est un Nathan Café que Didier se rend, qui a rouvert ses portes récemment à l’avenue de Frontenex 34 à Genève. « Je me réjouis qu’il rouvre, ça sera le troisième bar gay de Genève. Et en plus, ça sera à côté des Bains. C’est parfait pour moi.»