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San Francisco ne s’avoue pas vaincue

Malgré le vote du 4 novembre dernier qui interdit les mariages entre personnes du même sexe, la communauté LGBT californienne est bien décidée à ne pas se laisser faire.

Le Cœur du Castro. C’est le nom qu’a choisi Victor Andersen pour sa chapelle. Nichée dans le quartier gay, «The Heart of the Castro» n’a – de l’extérieur – rien d’une église, ni d’une chapelle. Sauf peut-être le son de cloche en guise de sonnette. Le révérend a pris soin, dans cette vieille maison victorienne, de conjuguer l’austérité des bancs d’église à une touche festive; les murs violets, verts, la lumière claire et un enregistrement des Beatles pour confirmer la certitude des unions.
Victor Andersen, 27 ans, ancien concepteur de jeu vidéo, est aujourd’hui révérend. Et, depuis le 17 juin, il célèbre les unions de couples homosexuels. Une soixantaine au total, depuis la décision de la Cour Suprême californienne de mai dernier, qui autorisait les mariages entre individus du même sexe. «Je me souviens surtout d’un couple de Shanghai, raconte-t-il. Ils se sont mariés le 8.8.2008, un chiffre porte-bonheur en Chine. Et pour l’occasion, ils avaient commandé une centaine de roses rouges.»
L’après-midi du 4 novembre, le révérend Victor Andersen a marié son dernier couple homosexuel. Le même jour, les Californiens votaient en faveur de la Proposition 8, pour interdire les mariages entre personnes du même sexe. Un référendum accepté à hauteur de 52,5%. «J’avais pensé que la Californie était prête à autoriser les mariages gays, commente Victor Andersen.

Des réactions virulentes
Mais le vote du 4 novembre ne met en rien un terme à l’opposition entre les électeurs favorables au mariage gay à ceux qui se disent «protecteurs du mariage traditionnel». Au contraire. Les adhérents et les opposants aux unions homosexuelles sont aujourd’hui plus mobilisés que jamais.
Après le vote populaire, des dizaines de protestations, marches, veilles et rassemblements ont été organisés à San Francisco, du quartier gay à la mairie. Et, suite logique du résultat du vote, les adhérents du mariage gay sont particulièrement vindicatifs. Des sites web par exemple, listent les noms des individus qui ont participé à financer le référendum. A Sacramento, capitale de l’Etat de Californie, le directeur d’un groupe de théâtre s’est vu contraint de remettre sa démission, après la publication de son soutien à la Proposition 8. Des adhérents au mariage gay se sont rassemblés dans des églises, pour appeler les pratiquants au boycott – ou même, parfois, les accuser d’homophobie. Les réactions de quelques individus favorables aux mariages homosexuels sont même quelquefois si vindicatives que certains, à l’image de l’organisation EQCA (Equality California, une organisation de défense des droits de la communauté LGBT) craignent qu’elles n’influencent négativement l’opinion publique. Six recours ont en outre été déposés après l’approbation du référendum.

Une question décisive
Le 19 novembre dernier, la Cour Suprême a confirmé qu’elle examinerait les plaintes déposées après le vote du 4 novembre et rendrait son verdict au début 2009. Très attendue, cette décision repose sur une question clé: La Proposition 8 – et son approbation populaire – implique-t-elle une révision de la Constitution? Auquel cas, le million de signatures collectées pour ce référendum n’est, légalement, pas une base suffisante. Et la Proposition 8 serait alors invalidée, en dépit du résultat du vote. En outre, la Cour Suprême doit statuer aussi si les droits civils d’une minorité peuvent être altérés par une décision populaire. «Cette interdiction reste fondamentalement anticonstitutionnelle et il est du devoir de la Constitution de défendre les droits civils des minorités, rappelle Victor Andersen. Le mariage est constitué de deux dimensions : la tradition religieuse et le droit civil. Mais les églises ont dénoncé le mariage gay comme une attaque à la définition religieuse du mariage. Alors, que ce n’est pas le cas et que ces deux dimensions doivent rester séparées.

Un instant d’introspection
Reste que pour la communauté LGBT californienne, l’heure est aussi à la remise en question. De leur mobilisation politique avant tout, insuffisante dans le cas de la lutte contre la Proposition 8. «Il s’est installé une forme de paresse au sein de communauté gay. Cette dernière vit dans une bulle à San Francisco, où elle est bien acceptée, regrette Victor Andersen. Mais elle oublie qu’il y a tout le reste de l’Etat. Nous vivons ici dans une métropole gay, mais il existe beaucoup de mouvements conservateurs en Californie.» D’ailleurs, nombreux sont ceux qui, rétroactivement, dénoncent la nonchalance avec laquelle une partie de la communauté LGBT a classé le référendum de la Proposition 8 comme a priori irréalisable.
Mais pour le révérend Victor Andersen, le vote du 4 novembre a, temporairement tout au moins, immobilisé sa chapelle. Depuis cette date, les bancs sont restés vides, les rideaux tirés, l’enregistrement des Beattle’s arrêté. Depuis, le révérend espère une décision de la Cour Suprême favorable aux mariages homosexuels. Parce que pour lui, c’est une façon de continuer son nouveau métier et de maintenir sa chapelle – dont l’avenir est pour l’heure incertain. Mais surtout, parce que, comme il le formule «marier des couples homosexuels, pour moi, c’est une forme d’activisme pour la communauté LGBT.»