Rio pleure Marielle Franco
Le Brésil est sous le choc après l'assassinat d'une élue. Marielle Franco était une des voix les plus prometteuses pour les défavorisés, les Noirs, les femmes et les LGBT.
Des milliers de personnes se sont rassemblées spontanément mercredi sous des pancartes «Les vies noires et LGBT comptent», «Nous ne nous tairons pas». La foule était encore compacte, le lendemain, aux funérailles de Marielle Franco. Conseillère municipale de Rio de Janeiro, cette femme de 38 ans est morte mercredi sous les balles d’assaillants non identifiés, alors qu’elle circulait en voiture avec son chauffeur, également tué, et un assistant, blessé.
Marielle Franco était un des symboles de la lutte des Noirs, des habitants des favelas et des LGBT, dans un contexte de recrudescence de l’insécurité et de guerre des gangs dans la métropole brésilienne. Sociologue de formation, issue de la favela de Maré, elle s’était faite la voix des victimes de violences policières. Rien qu’en janvier, 154 personnes ont été tuées à Rio dans le cadre des opérations des forces de l’ordrem, une hausse de 57% par rapport au même mois de 2017.
Abus des militaires
L’AFP rappelle qu’elle venait d’être désignée rapporteure sur les abus des militaires, après que ceux-ci se sont vus confier la sécurité de la province par une décision controversée du président Michel Temer. Entre autres chevaux de bataille, Franco militait également pour que les autorités locales tienne un registre des féminicides.
Le meurtre – manifestement ciblé – laisse les Cariocas sous le choc, eux qui avaient offert un triomphe inattendu à «Mari» lors des élections municipales de 2016. La candidate de gauche avait récolté 46’000 voix, le 5e meilleur score de tous les candidats, pour sa toute première élection. «Elle était le symbole de la politique à laquelle nous croyons», a résumé Jefferson Barbosa, 21 ans, collaborateur de l’élue.
Marielle Franco laisse derrière elle sa compagne et leur fille de 19 ans.