La lettre homophobe se métamorphose en cantate
Un abonné du Konserthus d'Helsingborg (Suède) s'en était pris à la salle de concerts après un récital de compositeurs gay. Deux musiciens ont fait de ses vitupérations une œuvre lyrique.
Recycler l’insulte pour en faire un cri de ralliement, voilà une stratégie qui a fait ses preuves dans l’histoire de la communauté LGBT. Une institution suédoise de la musique classique a choisi à son tour de l’appliquer avec audace et humour.
Après avoir donné un récital rendant hommage aux compositeurs gay et bisexuels au début de l’année, le Konserthus de Helsingborg (sud du pays) avait reçu le courrier de spectateur aussi anonyme que furieux. Entre autres amabilités, l’individu manifestait son «envie de vomir» et accusait la salle de concerts de «prendre en marche le train des pédés», avant d’annoncer qu’il résiliait son abonnement.
Poétique
Plutôt que de mettre la lettre anonyme au panier, le ténor gay Rickard Söderberg, une vedette en Suède, et le chef du Helsingborgs Konserthus et compositeur Fredrik Österling ont décidé de la garder. «Quand je l’ai lue, j’y ai perçu de la haine banale, mais exprimée d’une manière plutôt poétique», raconte le soliste. Le duo s’est alors mis en tête d’adapter le texte sous forme de cantate. Son titre: «Bögtåget», «Le train des pédés».
«On s’est efforcés de scruter les émotions que l’expéditeur essayait d’exprimer. En somme, on fait ce qu’une institution artistique devrait faire: refléter l’époque à travers l’art», a expliqué pour sa part Österling. Le morceau sera interprété en public cette semaine pour la première fois. A l’entrée du Konserthus, deux billets seront réservés pour l’auteur de la lettre, au cas où il souhaiterait venir écouter «son» œuvre, précise le site de la télévision SVT.