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Cinq ans après le flamboyant «Hedwig and the Angry Inch», John Cameron Mitchell revient avec «Shortbus», un film qui parle d’épanouissement personnel, de sexe et de notre rapport au monde. Avec émotion, franchise et sans tabou.

Dans le New York de l’après-11 septembre, Sofia est une sexologue qui n’a jamais eu d’orgasme et simule avec son petit ami. James, un jeune homo à la tristesse incurable, a toujours refusé de se donner complètement à son ami Jamie, jusqu’à ce qu’ensemble, ils décident d’ouvrir leur couple à un troisième partenaire. Severine, quant à elle, est une jeune femme dominatrice qui entretient des rapports sado-maso distants avec ses esclaves… Autant de personnages plutôt tragiques, incomplets humainement et sexuellement, qui se cherchent et vont se retrouver au Shortbus, un club privé entre cabaret, boîte de nuit et sex-club, sorte d’Eden de liberté où chacun tente de faire la paix avec soi-même, avec sa sexualité, avec l’autre.
«Depuis longtemps, je veux faire un film sur l’amour et le sexe qui ne s’autocensure en rien!» a annoncé le réalisateur John Cameron Mitchell. Une déclaration d’intention claire, et qui s’assume pleinement dans Shortbus. Pour parler de la sensibilité et de l’épanouissement sexuel de ses personnages, il a choisi de mélanger les genres. On trouve donc des passages de comédie musicale et d’animation, et le drame n’est jamais complètement dénué d’humour ou d’espoir. Quant au rire et au plaisir, ils sont souvent teintés de mélancolie ou de tristesse enfouie. Certains regards lancés à la caméra, emplis d’amour, de compassion, de plaisir ou de désespoir, sont bouleversants. Et puis il y a le sexe. En osmose parfaite avec les thèmes traités, le film a l’audace de montrer dès les premières minutes des scènes de sexe non simulées. Une façon d’inscrire la sexualité comme élément essentiel d’un récit tout en balayant avec intelligence une certaine pudibonderie autour de sa représentation à l’écran. On assiste donc à de superbes orgies au Shortbus, on chante l’hymne national américain dans une scène de triolisme gay, on s’auto-fellationne, on se masturbe, on éjacule sur une toile de Pollock, tout cela de manière totalement décomplexée. C’est dans cette liberté et ce mélange que réside la principale réussite du film et son ton si particulier de tristesse légère. Grâce à cela, une sorte de distance est également prise, évitant le voyeurisme, le trop-plein de pathos ou le côté «thérapie de groupe» qu’un tel sujet pourrait supposer.
Loin des us et coutumes hollywoodiens, le procédé de création de Shortbus est lui aussi extrêmement original. A partir d’un site web récoltant des vidéos dans lesquelles des internautes témoignaient d’une expérience sexuelle importante pour eux, John Cameron Mitchell a sélectionné un certain nombre de personnes et leur a fait passer un casting. Dès lors, le scénario et le jeu ont été développés avec la complicité des acteurs. Le tout avec un budget très réduit.
Aux Etats-Unis, un «shortbus» est un car scolaire pour enfants caractériels, surdoués ou hypersensibles – un choix de titre résumant la position du film, qui défend la différence et la liberté, tout en dénonçant subtilement la pression exercée par la société sur les plus fragiles et les plus sensibles. Pour cela, Shortbus représente une démarche courageuse, originale et franche. Mais c’est aussi une œuvre empreinte de sincérité, de sensibilité et de ludisme où souffle une joyeuse et touchante liberté.

Shortbus, de John Cameron Mitchell (USA), 1h42. Déjà visible en Suisse alémanique et en France, le film sort sur les écrans romands le 13 décembre 2006.
www.shortbus-lefilm.com