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Le lent retour du slow

Une réhabilitation progressive, mais qui fait son chemin: celle des tempos langoureux. Oublié, ringardisé, le slow pourrait bien, demain, reconquérir les dancefloors.

Soudain le rythme s’arrête. La lumière descend, la plupart des danseurs quittent la piste, ou se rapprochent, tandis que d’autres arrivent, deux par deux. Quelques accords plus tard, les couples se sont formés. C’est parti pour le moment tant attendu des slows. Tant attendu? Je vous parle bien sûr d’un temps jadis, un âge révolu, dont seuls les quadras se souviennent. Car voilà bien une quinzaine d’année que le rituel a cessé. Pour les moins de trente ans – le gros des troupes noctambules – le slow a rejoint depuis un siècle la valse et le menuet au musée de la danse. Depuis que le monde de la nuit a basculé dans l’ère électronique, on sort moins «en boîte» mais davantage «en soirée», on ne s’installe plus à une table mais on boit debout et dans des gobelets jetables, on déambule, et surtout, on danse systématiquement seul ou avec la multitude. Les DJs n’enchaînent plus les tubes, mais élaborent des nappes sophistiquées visant à une transe assez peu propice à la danse en couple, si ce n’est le temps d’un face-à-face lascif rappelant davantage le table dance que la danse de salon.

Côté pulsations cardiaques, c’est ultra efficace. Côté émois du cœur, c’est moins évident. Et c’est sans doute par cette faille qu’est en train de s’engouffrer le slow. Parce que, ça fait un moment qu’il y a des prémisses, mais cette fois c’est imminent, oui, le slow revient. Et il revient de loin. Totalement ringardisé par les adeptes de la «night» à partir du milieu des années 90, tout juste toléré par les branchés à condition d’en rajouter sur le second degré décalé, il est néanmoins en train de sortir d’une traversée du désert qu’on aurait pu croire définitive. D’ailleurs, si vous lancez le sujet, vous verrez que nombreux sont ceux qui lèvent toujours les yeux au ciel avec pitié. Oui, on est passé à autre chose, oui, on a plus l’habitude, oui ça date, oui c’est un peu ridicule, mais… Mais, il reste que le slow à plus d’un atout à faire valoir.

Parce que je le slowe bien
Revenons un peu en arrière. Comme son nom l’indique, le slow est lent, et contrairement à son ancêtre le slow fox trot aux figures compliquées et à toutes les danses de couple, il a l’immense avantage de n’avoir aucun pas imposé. Bons ou mauvais danseurs s’y retrouvent à égalité. Un slow réussi repose sur trois ingrédients: une mélodie sensuelle et sentimentale puissante, entêtante et bien balancée, une lumière tamisée à souhait, et deux partenaires un tant soi peu attirés l’un par l’autre. Et voilà, c’est tout. Nul besoin de chorégraphie, l’essentiel est dans le feeling. Un cocktail dont l’efficacité ne s’est pas démentie pendant une bonne trentaine d’années, car même si la mode disco dans les années 70 a vu l’avènement de la danse en solo, le slow est resté encore longtemps le temps fort des soirées, et pour cause.

Quelles que soient les qualités dansantes et musicales des rythmes actuels, force est de constater qu’avec les slows c’est toute une dramaturgie de la rencontre qui a disparu. Au moment où la musique change et que la boule à facette se met à tourner, le taux d’adrénaline de l’assemblée prend l’ascenseur. Inviter, être invité, qui va se lancer? Plus l’enjeu est grand, plus le défi est énorme. Et si parfois l’humiliation est cinglante, que dire de la jubilation lorsque l’accord se fait… Place à l’effleurement, aux mots à l’oreille, au jeu subtil des rapprochements, voire des baisers plus ou moins langoureux. Au lieu des longues errances à essayer de capter un regard, d’aborder au bar ou avec une cigarette, le slow ouvre un espace temps dédié à une rencontre des corps entre distance naturelle et rapprochement amoureux, et ce à tout âge.

Un couple sur deux
Dans les années 80 le film La Boum en faisait le champion des amours adolescentes, dix ans plus tard, c’est la b.o. d’un autre film, Ghost, qui chauffait les salles, toutes générations confondues. La liste des morceaux d’anthologie est quasiment aussi longue que les couples qu’ils ont formés. Car la statistique est formelle, dans les années 70-80, un couple sur deux se rencontrait sur des slows. Fabrique à couple, fabrique à souvenirs, des pages Facebook le réclament, des clubs s’y remettent, des organisateurs de soirées le thématisent. Temps de crise, retour du sentiment, de l’engagement et du mariage, il y a fort à parier qu’en 2013 on cède à nouveau sans retenue aux charmes de ce rite de séduction vintage.