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Glory hall pour Andy Warhol

Glory hall pour Andy Warhol

L'édito d'Alexandre Lanz.

Fin mars, la maison Christie’s annonçait la vente en mai d’un portrait de Marilyn Monroe par Andy Warhol appartenant à une fondation zurichoise et estimé à 200 millions de dollars. Ce qui en ferait l’œuvre l’art du 20e siècle la plus chère jamais vendue aux enchères à ce jour. Pouvait-il se douter d’une telle cote au moment où il appliquait les couleurs sur son Shot Sage Blue Marilyn en 1964? Certainement pas. 58 ans plus tard, le tableau représente à lui seul tous les ingrédients de l’ultra-glamour: la rencontre de deux noms scintillants éternellement au firmament du rêve américain qui mettent aussi en lumière ses zones d’ombre. Flashback dans l’enfance du roi du pop art: gay, chétif et souvent malade, Andrew Warhola grandit à Pittsburgh, petite ville ouvrière cauchemardesque de Pennsylvanie (USA). Ses parents émigrés austro-hongrois sont extrêmement pauvres, ce qui n’empêche pas sa maman adorée Julia de le surprotéger et de le couvrir de bonbons lorsqu’il ne peut pas se rendre à l’école. Petit déjà, il sait qu’il devra s’extirper de l’enfer de son enfance pour devenir Andy Warhol. C’est à New York qu’il le deviendra.

2022, l’année Warhol

Ambitieux, il ne se laisse pas intimider par l’intelligentsia qui le méprise car venant de la pub. La reconnaissance tarde à arriver, mais quand le succès se confirme, il devient fulgurant, sans précédent, écrasant tout sur son passage. C’est la revanche d’un petit garçon harcelé par ses camarades qui le jugeaient trop fragile, trop féminin. En même temps que sa Marilyn s’apprête à faire chauffer les enchères, la série documentaire produite pour Netflix par le prolifique Ryan Murphy donne un éclairage inédit sur sa vie. À commencer par la naissance de sa foi, cristallisée dans les images pieuses (et pop!) des vitraux de l’église de son enfance. Puis la genèse de la Factory, son atelier d’artiste. Et le mélodrame de sa vie sentimentale. Mais ce que l’existence d’Andy Warhol manifeste en 2022, c’est surtout le fait – tant cruel que réel – que pour y arriver il n’existe pas d’autre option que d’être fabuleux. Pas de demi-mesure possible pour les personnes LGBTIQ+ dans une société hétérocentrée. Une réalité paraphrasée par Mika qui déclarait récemment: «Lorsque je subissais des brimades, j’avais une pensée fixe: un jour, ces personnes qui me persécutent m’applaudiront en concert. Eh bien, c’est arrivé. La différence fait peur à tout le monde, mais la différence est la seule qualité qui peut vous donner une chance de réussir dans la vie.»