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Lassitude

Lassitude

Bien sûr, au dehors, les gris du ciel. De vagues de brume en crachin, les jours s'écoulent, ruissellent. Arbres dénudés, écorces noires. Au dehors, règnent l'humidité et la froidure. Au dedans? Lassitude.

Quelque chose en moi remue, se répand sans que je puisse en définir la nature, comme une démangeaison que rien ne viendrait soulager. Une fatigue diffuse m’envahit. La grisaille du temps n’aide pas, mais il s’agit ici d’autre chose; fragile, démunie face à la haine qui se répand au moindre prétexte, à tous ces déchirements auxquels j’assiste médusée, je perds les esprits et suis tentée de baisser les bras. Je sais et comprends la nécessité de certaines radicalités dans les luttes à mener inlassablement face aux violences que le Monde nous impose depuis trop longtemps.

Mais en ces temps où presque tout n’est qu’affrontement, je ne vois qu’impasses, murailles, portes blindées, me sens impuissante; moi qui ne m’épanouis que dans le partage, je me fane, me dessèche, me flétris. Des vagues de mélancolie me submergent, appellent comme un désir d’hibernation. Alors, je me fais ourse ou marmotte et dans ma grotte je me love. Dans le sommeil, je fuis, me réfugie et plonge dans cette autre conscience qui n’appartient qu’à moi.

À l’instar des peuples aborigènes, la réalité devient rêve, mes rêves se font réalité. En cette vie parallèle, j’assiste à un renouveau où les conflits se résolvent, les oppositions s’apaisent et les êtres à nouveau sont prêt·e·x·s à s’entendre, revitalisent par leurs dires et leurs actes le désir du vivre ensemble. Nuit après nuit, je me retire, j’y plonge et reprend des forces pour ne pas sombrer. Mais au réveil, tout est pareil. Je m’accroche aux petites choses, aux rencontres, aux oasis de beauté croisées dans ce désert d’inhumanité. Alors, juste encore un peu, je ferme les yeux, les emmène avec moi au royaume des songes, appelant de mes vœux le retour des jours meilleurs. Mes voix gardiennes m’encouragent et me disent: patience, ils viendront.