Genève
#Cinéma

Peaches Goes Bananas

mer 4 décembre, 18:00
Loèche

Winter Solstice Ball

sam 21 décembre, 18:30
Lausanne

La Messe Sudore et Carbo

ven 6 décembre, 20:30
Genève
#mixité choisie

No Hell Homosexu·iel

mer 25 décembre, 15:00

De zoom en travelling

«Par son étrange fixité, la monomanie s’apparente à l’extase, dont elle pourrait bien être le substitut maladroit.» Yaël Torelle : La nuit de la Grenouille

Quand une idée reste trop fixe en mon esprit et tourne à l’obsession, je me méfie. Tapie dans l’ombre de mes pensées, elle guette pour ressurgir à la première occasion. Comme quelques notes d’un air qui tourne en boucle dans ma cervelle, insidieuse, elle tente de prendre toute la place, s’accroche de toutes ses griffes, comme une tique, se nourrissant de mon sang tout en l’empoisonnant.

Que cherche-t-elle à me dire, cette grenouille qui veut se faire aussi grosse qu’un boeuf? Que n’ai-je pas voulu entendre dans son cri lancinant? Il me faut la calmer; je respire et plonge en elle pour l’observer, l’interroger, la regarder sous toutes les coutures, l’écouter sans chercher à l’interrompre jusqu’à ce qu’elle épuise son souffle. Souvent, un détail apparemment insignifiant auquel je n’avais pas prêté attention prend tout son sens, déploie et traduit le message jusqu’alors distordu. Et cela semble la satisfaire, la petite bête qui, enfin comprise, me libère et instantanément prend la clef des champs. Parfois pourtant, malgré toute mon attention, elle résiste et garde intact son mystère. Alors, je cherche à déplacer mon centre de gravité. Je me décadre, m’éloigne de moi-même, prend de la distance ou de la hauteur. Le paysage peu à peu s’élargit; à l’instar d’une pièce de puzzle qui ne prend sens qu’intégrée à sa juste place, le détail monomaniaque se transforme en clef, matérialisant enfin la serrure jusque là invisible de la porte qui barrait mes horizons. Il ne me reste qu’à en franchir le seuil pour tourner la page sur d’autres aventures et, qui sait… de nouvelles obsessions.