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Suite et presque fin des tribulations bernoises du partenariat enregistré made in Swissairland (lire notre article 360° n°38). Le 3 juin dernier, le Conseil des Etats a voté le texte par 25 oui et 4 abstentions. Sans grand débat, sans animosité, sans grand suspense, mais avec un référendum à la clé, notre road movie helvétique se terminera-t-il par un happy end?

Tous les ingrédients du soap opera étaient réunis pour faire de cette histoire de partenariat enregistré le carton télévisuel du moment: un amour tabou, des non-dits, des démocrates-chrétiens qui vous veulent du bien, des fondamentalistes qui n’en pensent pas moins et un vrai grand méchant loup dans la bergerie. De quoi faire flipper la ménagère de moins de 50 ans. Et pourtant, la fin de l’épisode nous laisse plus près de madame pipi que de ladite ménagère.
Moteur. Premier ingrédient d’un bon film: une situation d’origine nickel. Tout va bien dans le meilleur des mondes mais on sait pertinemment qu’une boulette va arriver, c’est obligatoire. Les sénateurs ont décidé de régler rapidement l’affaire en fin de matinée, tranquillos, sans vague. La majorité des membres de la commission juridique soutient le projet de loi. Blocher sourit.

Que veut le peuple?
Soudain, un cavalier surgit du fond de la nuit (valaisanne), il court vers l’aventure au galop, son nom, il le signe à la pointe de l’épée d’un PDC qui veut dire parti démocrate-chrétien. Simon Epiney (PDC/VS), justicier des valeurs démocrates-chrétiennes demande le renvoi du texte, pour lui ce projet va trop loin, il faut l’alléger pour qu’il passe l’épreuve référendaire. «Trop longtemps, les homosexuels ont été discriminés, il est normal de leur reconnaître un statut. Mais le projet du Conseil fédéral assimile totalement la position du partenaire à celui d’un conjoint, d’un marié. C’est pour cela que j’ai déposé une proposition de retour à la commission pour étudier une solution moins ambitieuse car l’on va devoir compter sur un référendum dont le succès serait dramatique et conduirait à un retour de la marginalisation. Par la suite, nous pourrons améliorer ce texte selon l’évolution des mentalités. Dans ce monde instable, les gens ont besoin de repères et le danger est de déclencher une dynamique dont on n’est pas sûr de l’aboutissement.»

La position des radicaux
Deuxième ingrédient d’un bon film: un super héros. Ce sera Dick Marty (PRD/TI), le bien nommé. C’est le président radical de la commission juridique du Conseil des Etats. Pour lui, «deux personnes qui ont la même orientation sexuelle, et qui décident de vivre une union pour la vie, sont confrontées sur le plan matériel aux mêmes problèmes que deux personnes hétérosexuelles qui ont aussi décidé de vivre ensemble. C’est clair que, pour affronter ces mêmes problèmes pratiques d’une union, il y a un certain parallélisme (entre le partenariat enregistré et le mariage) et dans certains cas pratiques, une identité. Mais dire que cela ne minerait le mariage que dans la mesure où le partenariat favoriserait la diffusion de l’homosexualité: je vous en prie! Référendum, c’est le leitmotiv de monsieur Epiney. C’est vrai qu’il y aura très probablement un référendum! Après le vote sur l’ensemble au Conseil national, Monsieur Waber, conseiller national UDF*, est monté à la tribune pour dire: “Nous sommes démocrates, nous prenons acte de ce résultat, mais nous lancerons un référendum.” C’est leur droit, mais est-ce que nous devons nous laisser conditionner par un chantage de ce genre? Je crois qu’aujourd’hui, nous devons décider en notre âme et conscience, et le peuple suisse, s’il le veut, indiquera quel degré de tolérance on a atteint dans notre pays.» Dans son combat, Dick sait qu’il peut compter sur des alliés de poids dont WonderSaudan et la bande des Fantastical Nine.
Françoise Saudan (PRD/GE): «Je ne soutiens pas la proposition du renvoi, ma position est guidée par le respect de l’autre, de ses convictions, des choix dans la vie privée de chacun. Je comprends la position du PDC mais quant à préjuger d’un référendum, le résultat est aléatoire. Toutefois, je ne suis pas prête à faire le pas sur l’adoption, il faut réfléchir sur la notion de famille. La question est controversée, y compris au sein du monde homosexuel. L’argument qui consiste à dire qu’il vaut mieux avoir deux parents, deux papas ou deux mamans, des gens qui s’entendent bien, ne tient pas, je connais des drames aussi bien dans des couples homos qu’hétérosexuels.»
Troisième ingrédient d’un bon film: une star. Le cavalier masqué est vaincu et retourne auprès de Bernardo. Mais un autre danger menace encore la gentille communauté gay: Christoph Blocher, alias Doctor No. A tout moment, l’équilibre fragile du Conseil des Etats peut être rompu. Le président du Conseil, Fritz Schiesser, égraine les différents articles de loi sans aucune intervention significative de la part des sénateurs, ni du talentueux mister Blocher. Jusqu’au vote final.

Un pressant besoin
Enfin, quatrième ingrédient d’un bon film: les effets spéciaux. Le moment tant attendu arrive. Au début de la matinée, les sénateurs partirent 46 mais par une prompte désertion, ils se virent 29 en arrivant au vote. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tous les opposants au partenariat enregistré eurent envie d’aller au petit coin. Dix-sept vessies remplies au même moment. C’est beau la magie du cinéma. Dans la salle, radicaux, socialistes et une partie du PDC votent le texte sans aucune opposition.
Générique? Pas tout à fait, l’épilogue se trouve désormais entre les mains des citoyens car le référendum promis par l’Union démocratique fédérale va certainement aboutir. Déjà, un comité «Oui au partenariat» s’est créé pour faire face à ce référendum. Les partis sont appelés à se positionner sur la question, la communauté homo peut compter sur le soutien de la gauche en général, même s’il subsiste des réticences au niveau individuel, les démocrates-chrétiens voteront «oui» mais en se bouchant le nez, les radicaux également, reste à savoir la position officielle de l’UDC. Selon son président, Ueli Maurer, l’UDC ne devrait pas se lancer dans ce référendum mais on connaît les velléités de certains conseillers nationaux démocrates du centre de s’opposer, dans les urnes, à l’adoption du partenariat enregistré. Espérons que le peuple suisse veuille bien d’un happy end.