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Bienvenue au pays des inassimilables

Bienvenue au pays des inassimilables

Dix ans exactement après l’acceptation de la Loi contre le racisme, un parti gouvernemental triomphe sur la base d’arguments qui stigmatisent ouvertement les étrangers. La classe politique bien pensante s’en offusque, dénonce les dérapages et le langage outrancier de l’UDC, réclame des sanctions. Vaines, voire hypocrites gesticulations? Car comment ne pas voir dans les succès actuels du parti populiste, forgés pour une part sur un discours xénophobe, le prix d’une politique encouragée de longue date par l’Etat? C’est toute l’histoire de notre rapport aux étrangers que la crise politique actuelle met en évidence.

Ils s’y sont tous essayé. La gauche et les organisations de défense des étrangers, bien sûr, mais aussi la droite bourgeoise, Pascal Couchepin et même Peter Hasler en personne, le président de l’Union patronale suisse qui a pris sa plus belle plume pour rappeler dans la presse alémanique combien «la Suisse économique a besoin des étrangers». Juste avant le désastre, mais trop tard, ou peu après la catastrophe, tous y sont allés de leur credo pour dénoncer les dérapages de l’UDC commis lors des dernières votations sur la naturalisation facilitée. Leurs dernières provocations? Pour rappel, l’idée que la naturalisation facilitée conduirait notre pays à la «surpopulation musulmane» d’ici quelques années. Cette fallacieuse manipulation des chiffres et ce langage bien choisi furent également appuyés par des affiches méprisantes à l’égard des étrangers, tactique devenue récurrente dans la stratégie de l’UDC. En guise d’affiche, c’est même un Ben Laden figurant sur une carte d’identité suisse qui a germé dans l’imagination débordante des jeunes UDC valaisans.
Pour expliquer ce double échec en votations, on dénonce aujourd’hui – et bien tardivement –, le sale jeu de l’UDC, ses basses méthodes, peu coutumières de notre apparente très «soft» manière de pratiquer l’art de la gouvernance. Et l’on réclame des sanctions: la démission d’un Christoph Blocher qui ne joue pas le jeu de la collégialité au Conseil fédéral; la suspension d’Oskar Freysinger de sa fonction d’enseignant (de la part de socialistes valaisans); des sanctions encore contre les affiches utilisées durant la campagne, avec à la clef une plainte déposée sur la base de l’article 261 bis du Code pénal suisse (CPS) permettant de condamner les propos racistes. Une semaine après cette votation-catastrophe, une manifestation était également organisée à Berne pour exiger précisément une application plus stricte de la Loi contre le racisme.

Mais à qui profite la loi?
Cette volonté de museler les débordements de l’UDC est certes légitime, mais est-elle vraiment bien utile? Il faut le constater, le discours répressif face aux dérapages verbaux de l’UDC n’a servi jusqu’ici qu’à consolider «les ventes» des idées nationales-populistes. On le sait, ce parti excelle dans l’art de jouer sur l’axe opposant «l’intelligentsia arrogante» (les médias truffés de gauchistes, les autres partis…) au «peuple que l’on cherche à bâillonner quand il dit la vérité». Un langage soigneusement choisi, tout comme les manifestations populaires auxquelles l’UDC s’associe. Sa récente visibilité au sein des marches blanches et son combat pour l’internement à vie des délinquants sexuels sont on ne peut plus porteurs sur le marché de la peur.
Maniant subtilement une nouvelle provocation, l’UDC réclame l’abrogation de la Loi contre le racisme. Mais le veut-elle vraiment? On peut sérieusement en douter, cette loi lui permettant de recourir à un très payant discours victimaire. «En 2003, la Licra et la gauche déposent plainte contre une affiche de l’UDC stigmatisant les étrangers? Aussitôt, l’UDC revoit sa copie et publie une version de son affiche dotée d’un bandeau noir avec ce slogan: “voilà ce que les socialistes ne veulent pas qu’on vous dise”», rappelle pour anecdote Karl Grünberg, de l’association ACOR SOS Racisme. Une Loi contre le racisme qui, d’ailleurs, peine à s’appliquer. Selon l’association, seules 3% des situations traitées par ses services donnent lieu à des poursuites au titre de l’article 261bis du CPS. Pire, au vu de la restriction de son application, «il arrive que des plaintes déposées par des particuliers pour infraction à la loi contre le racisme se retournent contre eux. Des personnes qui ont été agressées risquent de se retrouver condamnées à payer des amendes pour diffamation. Un comble!», s’insurge encore Karl Grünberg.
Jusqu’ici, les condamnations tombées en application de l’article 261bis du CPS concernent bien davantage des actes isolés de skinheads immatures ou de négationnistes blanchis sous le harnais que le racisme de propagande électoraliste. Les actions entreprises contre les discours des partis qui dérapent semblent tout simplement vouées à l’échec.

Un exemple flagrant
Témoin, la décision prise le 7 octobre dernier par le Tribunal fédéral de casser une condamnation pour incitation à la haine raciale prononcée contre Jürg Scherrer. Le président du Parti de la Liberté, récemment élu à l’Exécutif biennois, avait réclamé sur son site Internet «le renvoi de tous les migrants du Kosovo dans les plus brefs délais». Jürg Scherrer, déjà acquitté dans une autre affaire où il traitait les étrangers de «racaille», soutenait cette fois que «les Kosovars avaient une part disproportionnée dans l’augmentation de la violence et de la criminalité en Suisse». La Cour suprême bernoise avait d’abord confirmé un jugement du Tribunal de Bienne estimant que Jürg Scherrer avait dénigré publiquement une ethnie bien reconnaissable.
On ne connaît pas encore les considérants du récent jugement du TF, mais il est certain que cette décision de dernière instance s’ajoutera aux nombreux signaux négatifs émis à l’encontre de la population étrangère; surtout, ils démontrent les limites patentes de la Loi contre le racisme.
Ces dernières années, nombre de ces signaux ont contribué à ancrer l’idée auprès d’une partie de la population helvétique que l’origine même d’une personne est une variable explicative de la délinquance. Exemple type d’un racisme qui s’institutionnalise: la décision prise par certains cantons (Genève) ou municipalités (Lausanne) de recourir à l’assignation de territoire ou à des brigades formées pour lutter spécifiquement «contre les trafiquants de drogue africains». SOS Racisme le constate: depuis que ces mesures sont entrées en vigueur, il y a deux ans environ, le nombre de personnes de couleur qui se plaignent d’être fouillées abusivement par la police explose. Sans nier les problèmes réels que pose le trafic de drogue, ni les délits réellement commis par des étrangers, le délit de faciès, avec la bénédiction du politique et le soutien de nombreux médias, est incontestablement entré par la grande porte dans les pratiques policières suisses et, par là même, dans les mentalités.
Ces faits résument bien les limites de la Loi contre le racisme et l’illusion de croire que son acceptation par le peuple en 1994 aurait pu gommer la pression discriminatoire à l’égard des étrangers. Au contraire. En focalisant l’attention sur le débat moral, elle a peut-être caché l’essentiel. La même année, Arnold Koller ne préparait-il pas le peuple suisse à avaler les très choquantes mesures de contraintes? Et, pour accréditer la nécessité de ces mesures, ne décrétait-il pas l’an 1995 «année de la sécurité intérieure»? «Par le biais de l’introduction de mesures de contrainte, nous voulons combattre les clandestins et ceux qui abusent du droit d’asile; en matière de droits des étrangers, il s’agit d’une des meilleures méthodes pour combattre le racisme», expliquait le patron du DFJP à l’époque. Il faut rappeler qu’en 1920, Max Ruth et Heinrich Rothmund, les principaux penseurs du «droit des étrangers», tenaient déjà le même raisonnement: à leurs yeux, leur politique destinée à empêcher l’augmentation du nombre de juifs en Suisse participait de la lutte contre l’antisémitisme… A la logique «sans juifs, pas d’antisémitisme» succède le raisonnement «sans étrangers non assimilés, pas de racisme»!

Conforme ou non?
Tout au long du XXe siècle, notre politique des étrangers a reposé sur le besoin d’évaluer si l’étranger était «conforme ou non» à la suissitude, «assimilable ou non», en vertu de critères liés à ses origines. «Dès le début du XXe siècle, se développe l’idéologie destinée à combattre la menace que représenterait l’étranger contre l’identité nationale. Selon cette idéologie, celle-ci ne dépend pas du nombre d’étrangers, mais de la nature de leur altérité», commente Karl Grünberg, dont les travaux (avec Anne Weill-Lévy et Joelle Isler Glaus; voir encadré bibliographique) mettent en évidence la permanence de ce racisme d’Etat. En 1917, alors que le discours sur le «péril judéo-bolchévique» bat son plein, la décision du Conseil fédéral de créer l’Office central de police des étrangers répond spécifiquement au besoin de lutter contre l’«Überfremdung», cette «altérité qui menace l’identité suisse». En supprimant le droit de séjour des étrangers, et en instituant cette police qui désormais attribue des autorisations de séjour en fonction de critères subjectifs (qui permettent de juger le Juif
«inassimilable», comme d’autres «catégories d’étrangers» par
la suite), le Conseil fédéral pose la première pierre d’une idéologie et d’une
pratique racistes: «Présentées comme des exigences patriotiques, cette “police des étrangers” et la marge de manœuvre qu’elle possède ne seront jusqu’à ce
jour jamais remises en cause, souligne Karl Grünberg. Elles seront même représentées avec une telle insistance comme des spécificités culturelles que les Suisses d’aujourd’hui ont la plus grande peine à réaliser leur monstruosité.»

Un mythe à revoir
Si l’on s’en tient à la seule histoire récente, le système de recrutement des travailleurs saisonniers durant les années 1955 à 1985 (corvéables à merci, sans droit au regroupement familial), la politique des trois cercles développée dans l’imaginaire de fonctionnaires fédéraux dans les années 90 (celle qui visait à exclure explicitement les travailleurs de l’ex-Yougoslavie alors qu’ils étaient des travailleurs jugés rentables avant que la guerre n’éclate), et désormais le système à deux piliers qui distingue les Européens du «reste du monde» dans la nouvelle Loi sur les étrangers, sont autant de politiques d’Etat qui ont ancré la légitimité d’une vision discriminante au sein de la population suisse ou, du moins, d’une bonne partie d’entre elle.
La Suisse s’est trop longtemps accommodée de l’idée que la politique à l’égard des étrangers a toujours suivi une sorte de voie médiane, la seule possible entre les pressions xénophobes (à l’image de la douzaine d’initiatives xénophobes lancées depuis les années 60) et l’esprit d’ouverture inhérent à «la tradition d’accueil d’un pays d’immigration». Plutôt que de fustiger les seules dérives de l’UDC, il est peut-être temps que la droite bourgeoise et la gauche remettent ce mythe en question et s’interrogent sur leurs responsabilités dans la recrudescence de l’ostracisme à l’égard des étrangers.
C’est l’analyse que fait notamment Philippe Gottraux, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut d’études politiques et internationales de Lausanne, dans un article paru dans la revue Mouvements (voir encadré bibliographique): «La critique humaniste stigmatise régulièrement l’UDC pour son attitude en matière d’immigration et son discours xénophobe. Cette posture généreuse cache que ce genre de discours trouve son origine dans la Suisse officielle, et pas simplement dans les marécages de l’extrême droite. Plusieurs études montrent en effet l’émergence au cours du XXe siècle d’une méfiance récurrente envers les étrangers, que les lois successives sur la question se sont chargées d’institutionnaliser. Dès les années vingt, les pratiques étatiques en la matière, sous la direction des partis bourgeois, étaient sur le fond inspirées d’une xénophobie instaurant au centre des dispositifs administratifs et des législations le concept de “surpopulation étrangère”. (…) Cette crainte institutionnalisée de l’altération de l’identité suisse par la présence étrangère s’affirme sous une forme parfois explicite mais la plupart du temps latente: dans les années 70, la très officielle Commission fédérale consultative sur les étrangers pouvait le plus sérieusement du monde se demander si la présence des étrangers en Suisse altérait la culture et l’identité suisses.»
Et Philippe Gottraux de préciser encore: «Vues sous cet angle, les orientations de l’UDC en matière d’immigration apparaissent singulièrement relativisées quant à leur atypisme dans une Suisse supposée humaniste. Ses pratiques ouvertement xénophobes incarnent plutôt la frange exacerbée d’un consensus autrement plus large sur la question. L’État suisse se légitime en vantant sa posture d’arbitre, tiraillé qu’il serait entre les fractions les plus dures de ce consensus xénophobe et les postures présentées comme l’autre extrême (les “idéalistes” défenseurs du droit d’asile et des sans-papiers ou, dans le passé, opposants au statut discriminatoire de travailleur saisonnier). Au surplus, la frontière entre la xénophobie latente et la xénophobie ouverte (exprimée aujourd’hui par l’UDC) reste mouvante, les outrances nationalistes ayant pour effet de radicaliser à droite l’ensemble du débat politique sur l’immigration.»

Sans surprise
Les trier, sélectionner, juger selon des critères de conformité à la suissitude: tel a donc été durant plus d’un siècle le rapport que l’Etat fédéral a entretenu à l’égard des étrangers. Dans ce contexte, faut-il vraiment tomber des nues lorsqu’un soir de septembre 2004, une majorité de Suisses refuse d’accorder la «naturalisation facilitée» ou maladroitement surnommée «automatique» à de jeunes étrangers pourtant nés sur le sol helvétique? Nourris à la culture des permis A, B, C et autres spécialités helvétiques qui déclinent tout l’alphabet, élevés à l’idée de l’existence d’une «Suisse naturelle» et d’étrangers qui doivent «mériter cette nature» (n’est-ce pas ce que dit le terme arrogant de «naturalisation»?), comment les Helvètes eussent-ils pu voter autrement? Cette Suisse-là a été modelée par une politique institutionnelle cautionnée par les partis dominants, avec la bénédiction des organisations syndicales, bien avant même que le petit parti agrarien UDC ne se transforme en un parti nationaliste agressif et ne prenne du poids au Conseil fédéral.
Peter Hasler, le patron des patrons, a eu raison de se réveiller et d’écrire dans le Blick peu avant la votation sur les naturalisations qu’il ne voudrait pas se «retrouver un jour dans la peau des gens qui se sont trop longtemps tus dans l’Allemagne des années trente». Mais il serait également utile qu’il s’interroge sur le refus de ce pays de régler le sort des sans-papiers, alors que ces derniers sont employés sans scrupule pour faire tourner l’économie suisse. Il serait aussi nécessaire que les représentants de la droite bourgeoise, comme ceux du PS (qui a voté la Loi sur les étrangers bon gré mal gré), s’interrogent sur leur responsabilité dans l’histoire de cette crainte obsessionnelle de l’altération de l’identité suisse qui a forgé les replis identitaires d’aujourd’hui.
On en est loin. Pour promouvoir l’adhésion de la Suisse aux accords
de Schengen/Dublin, à l’Europe sécuritaire, les affiches imaginées par Economiesuisse (la Fédération des entreprises suisses) usent d’images fortes, montrant menottes et des empreintes digitales, autant de symboles de la lutte contre la petite criminalité étrangère…
La Suisse bien pensante s’offusque des méthodes de l’UDC, mais ne cesse de nourrir le terreau nauséabond sur lequel elles s’implantent.

Petite bibliographie pour ne point rester ignorant
Essais sur le racisme d’Etat
Dans deux ouvrages, le premier publié en 1999, le deuxième en 2003, Anne Weill-Lévy, Karl Grünberg, Joelle Isler montrent comment en Suisse le racisme d’Etat, dont l’idéologie et les mécanismes se sont mis en place dès le début du XXe siècle, a survécu au nazisme et perduré à travers la politique d’immigration de l’après-guerre jusqu’à nos jours. Cette approche très documentée met en évidence la permanence d’une vision colonialiste de l’immigration dans notre pays.
A. Weill-Lévy, K. Grünberg, J.Isler: «Suisse: un essai sur le racisme d’Etat (1900-1942)»; «La discrimination, principe directeur de la politique d’immigration (1942-2002)», éditions Cora.

Analyse d’un populisme archaïque
Dans cet article analysant la poussée de l’UDC aux élections fédérales de 1999, paru dans la revue Mouvements, Philippe Gottraux, à l’Institut d’études politiques et internationales de Lausanne, relève avec pertinence l’oubli systématique des similitudes entre la doctrine de ce parti et celle des milieux dominants de notre pays. Alors que les médias – et les autres partis – focalisent leur attention sur les particularismes de la stratégie électoraliste de l’UDC, on omet le terreau dans lequel s’inscrit cette politique: celui de la Suisse officielle, qui a notamment cultivé durant des années la méfiance à l’égard des étrangers.
P. Gottraux: «La modernité archaïque du populisme libéral-xénophobe: l’UDC en Suisse», revue Mouvements No 8, mars-avril 2000

De l’esprit suisse
Il est bon d’examiner les mythes helvétiques qui nourrissent la pensée blochérienne. C’est la démarche salutaire qu’a entreprise Gérard Delaloye dans un ouvrage tout frais paru. Le journaliste montre comment le Sonderfall (l’exception suisse) et la voie isolationniste (Alleingang) ont forgé l’idéologie des conservateurs UDC, qui n’a rien de novatrice selon l’auteur. Celle-ci continue de puiser dans les mythes déjà construits par les intellectuels patriotiques du XVIIIe, puis entretenus par les réactionnaires au XIXe siècle qui ont fait des «hommes de la montagne» le symbole conservateur de l’indépendance helvétique.
G. Delaloye: «Aux sources de l’esprit suisse, De Rousseau à Blocher», Editions de l’Aire, 2004

L’UDC décortiquée
Comment expliquer la montée fulgurante de l’UDC, petit parti agrarien qui a réussi à devenir en l’espace d’une décennie l’une des principales force du pays? Oscar Mazzoleni, sociologue, historien et anthropologue, explore les différents facteurs qui ont permis à la «nouvelle UDC» de développer sa formule gagnante. Le climat économique et politique qui prévalait dans les années 90, mais aussi la rhétorique et les moyens organisationnels du parti sont ici passés au crible.
O. Mazzoleni: «Nationalisme et populisme en Suisse – La radicalisation de la “nouvelle” UDC», Presses polytechniques et universitaires romandes, 2003

Du discours (in)sécuritaire
Dans cet essai, Pierre Tévanian s’emploie à décortiquer avec un œil critique le discours (in)sécuritaire qui prévaut actuellement en France, mais qui peut être étendu à toute l’Europe (de Schengen). La focalisation sur la seule délinquance de rue, omniprésente dans les médias et dans le discours politique, déforme la réalité statistique et crée un climat propice aux discours d’exclusion. Cette obsession sécuritaire conduit la société à oublier d’autres formes de violence, tels le chômage, le racisme ou l’aggravation des inégalités.
P. Tévanian, «Le Ministère de la peur. Réflexions sur le nouvel ordre sécuritaire», L’Esprit frappeur, 2004