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L’infatuation Alessandro Michele

L’infatuation Alessandro Michele

Nom inconnu avant sa nomination à la tête de la maison Gucci en janvier 2015, Alessandro Michele est le nouveau messie de la mode.

Le phénomène Alessandro Michele a atteint des proportions tellement gigantesques qu’on serait naturellement portés au scepticisme et à remettre en question la faveur médiatique et le chœur de louanges qui résonnent sur la toile. Les chiffres, pourtant, sont irréfutables. Gucci enregistre une  progression constante des ventes et affiche, au premier trimestre 2017, un résultat record de plus 48%.

Avec ses ventes au beau fixe, la maison florentine se place en deuxième position dans le marché de luxe, derrière Louis Vuitton. Sacré meilleur designer international par le British Fashion Award en 2015, le designer italien a également reçu en 2016 l’International Award du Council of Fashion Designer of America, sorte d’Oscar de la mode. La nouvelle âme qu’il insuffle à la marque lui est dictée par son imaginaire personnel mais aussi par la profonde connaissance de l’ADN de la griffe où il a rejoint Tom Ford en 2002 en tant que responsable des accessoires. Lorsqu’on considère que plus que la moitié du chiffre d’affaires de la marque provient de la maroquinerie, on comprend le travail accompli par l’Italien avant de passer au gouvernail et sous le feu des projecteurs.

Maximalisme
Les mors, le logo du double G, les sacs Jackie ou encore le ruban rouge et vert sont autant de codes familiers que Michele a su réinterpréter avec brio. Le succès stratosphérique de ses mocassins sans talon doublés de fourrure a feutré les pas des fashion addicts, parés de ses imposants bijoux d’inspiration vintage à mi-chemin entre un mafioso et une divinité grecque.

Dans sa polyphonie vestimentaire se côtoient allègrement bombers satinés, survêtement de rappeur et fourrures. Des imprimés et broderies luxuriants évoquent autant les années 70 que la Renaissance pour une jungle baroque et dandy où grouillent nombreux insectes et animaux, de l’abeille au tigre en passant par les libellules. Le designer à la barbe hirsute et longue chevelure détient le secret de ces cocktails exubérants, la surcharge n’affectant jamais l’impact des looks. Bien au contraire, dans cet éclectisme poussé à l’extrême, chaque look est composé comme un microcosme à l’intérieur duquel les pièces s’avèrent très faciles à adopter singulièrement. Ainsi le nouvel alphabet Gucci s’apprend avec plaisir, comme un jeu.

Post-Ford
Après l’ère pornochic de Tom Ford, Michele injecte de la poésie dans ses esthétiques genderfluid, en commençant par les délicates blouses avec lavallière de son premier défilé automne-hiver 2015. Exit donc la sensualité ostentatoire et le binaire, bienvenue aux codes vestimentaires qui abolissent les questions de genre, race et saison. Les collections imaginées par Alessandro Michele forment ainsi un continuum et conjurent le danger d’une rapide péremption. Cultivant l’entre-deux et l’imperfection, il puise dans le passé comme une palette pour peindre le présent.

Si l’esprit de la marque reste lié aux années 70, époque à laquelle font référence aussi bien Ford que Michele, ce dernier amène dans sa flamboyance un morceau de culture italienne. Il évoque le faste des anciens palais italiens avec un brin de décadence punk et une gamme de couleurs immanquablement bling bling. Ce qui ne va pas sans charpenter une trame d’optimisme derrière cette audacieuse juxtaposition de références qui plaît aux millennials, génération qui est censée fuir aux catégorisations.