Aux Cullayes (VD), le Raisin sauvé par ses clients
Une auberge villageoise est sauvée de la vente aux enchères par une souscription pour laquelle villageois et gays de la région se sont mobilisés ensemble.
Pour ce qui est des lieux publics et commerces. Les Cullayes, petite localité du Jorat vaudois n’a plus guère que son unique bistrot, «Le Raisin». Mais quel bistrot! Celui-ci a la particularité d’être aussi populaire auprès des gays et lesbiennes vaudois que des «Cullatis», les habitants du village, pour lesquels Raisin est plus encore qu’un café-restaurant réputé: c’est un lieu de rencontre, de spectacles et animations, et plus simplement un dépôt de pain et de journaux. Le tout dans une ambiance savamment orchestrée par Jacques-Alain Clément et Robert Chatelan, patrons depuis 22 ans. Or au printemps dernier, l’établissement était menacé de mise aux enchères par la Banque cantonale vaudoise.
«Au départ c’est une idée des clients qui connaissaient les difficultés de l’établissement», explique Jacques-Alain Clément. Une société coopérative s’est constitué dans le but de réunir par souscription les 200’000 francs nécessaires au rachat de la bâtisse après que la commune ait refusé de le faire. Très vite un appel est relayé auprès du fichier d’adresses du Raisin, qui compte pas moins de 4000 personnes, et par l’entremise de la presse locale. Le résultat est immédiat, si bien que la banque suspend la vente aux enchères, prévue le 12 juillet.
«Le plus important: dire aux gens que c’est ouvert!»
Les patrons partagent désormais la propriété de l’auberge avec ses clients et habitués, devenus en quelque sorte «actionnaires». «C’est une initiative assez unique, on fait peut-être figue de précurseurs. On n’a pas de chiffres là-dessus bien sûr, mais je sais qu’il y a incontestablement beaucoup de gays parmi les souscripteurs», précise le patron. Le Raisin continuera donc d’assumer son rôle dans ce village de 650 habitants et d’accueillir des visiteurs, gays ou non, venus parfois de très loin. Et Jacques-Alain Clément de conclure: «Le plus important maintenant, c’est de faire savoir que ces difficultés sont passées et dire aux gens que Le Raisin c’est ouvert!» Dont acte.
