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Requérants: Sortir de l’isolement

Le projet Asile LGBT passe à l’action. Depuis le début de cette année une série de mesures a été mise en place afin d’accueillir les réfugiés homos et trans à Genève.

«Ils connaissent un grand isolement et craignent souvent de s’exprimer de peur d’être stigmatisés», affirme Anne Arvy, coordinatrice du projet Asile LGBT. Il s’agit des réfugiés lesbiennes, gay, bi et trans. C’est partant notamment de ce constat que le projet Asile LGBT est né à Genève. Celui-ci allie les associations actives dans le domaine de l’asile et les organisations LGBT. Une première dans le genre.

Après neuf mois de recherches arrivées à leur terme en novembre 2016, un diagnostic a été posé sur les besoins de cette population. Il a donné naissance à une série d’actions dont certaines ont déjà été mises en place au début de cette année. Elles visent à améliorer les conditions de vie de ces réfugiés doublement stigmatisés et peu visibles. Des actions nécessaires à l’heure où de plus en plus de personnes LGBT fuient leur pays pour chercher protection ailleurs. En Suisse le nombre de demandes d’asile pour motifs liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre est d’ailleurs en augmentation. Selon Anne Arvy, «on peut légitimement supposer que cette tendance va se renforcer face à l’émergence de la question LGBT à l’échelle internationale.»

Informer et encadrer
Parmi les actions mises en place, un groupe de soutien par les pairs réfugiés a été créé. «Sa spécificité première est d’offrir un accueil et un accompagnement par les pairs, c’està-dire par des personnes directement concernées, détaille Anne Arvy. Elles ont une expérience partagée à la fois de la migration et de l’homosexualité. La constitution de ces personnes minorisées et fragilisées socialement en acteur collectif leur permet en quelque sorte, de reprendre le pouvoir.» Dans la mesure où il n’est pas toujours aisé d’atteindre ou d’identifier ces individus, un affichage a également été conçu dans tous les foyers pour informer les habitants de l’existence du projet. «Il est parfois difficile pour eux de trouver l’énergie et la confiance de se mettre en lien, explique Anne Arvy. C’est pourquoi des relais existent aussi au niveau des professionnels comme les juristes ou les assistants sociaux.»

Véritable pierre angulaire du projet, les acteurs sur le terrain sont bien sûr également concernés par les actions. Un programme de sensibilisation à leur attention a donc été élaboré. Il a pour but de leur permettre de questionner leurs propres représentations et de prendre conscience d’éventuels préjugés envers les réfugiés LGBT. Il devrait aussi leur donner des lignes pratiques de conduite qui les guident dans leur travail. «Ces professionnels contribuent à apporter un cadre pour que les personnes concernées se sentent accueillies, informées, rassurées, souligne Anne Arvy. Il faut aussi que ces migrants sachent qu’ils sont dans un pays où l’on respecte les droits LGBT.»

Accompagnement
Des droits qu’ils n’osent pas toujours revendiquer. «Certaines personnes ont été redirigées vers nous parce qu’elles n’ont pas osé parler de leur orientation sexuelle alors qu’il s’agissait de leur motif de demande d’asile. Elles ont préféré mentir en donnant une autre raison. Elles ont donc été déboutées par manque de preuves. Lorsqu’une telle situation se présente à nous, nous pouvons rouvrir le dossier selon le véritable motif. C’est le cas d’une personne que nous aidons actuellement et dont la demande est en voie d’aboutir. Sans l’existence du projet, ces dossiers passeraient à la moulinette administrative.»

Les actions pratiques vont encore se développer au courant de cette année. «Le but est d’accompagner tous les acteurs dans leur réflexion et dans leur coordination afin qu’ils puissent s’approprier les pratiques et continuer de les faire raisonner au sein de leurs structures sur la durée, conclut Anne Arvy.»

«En Suisse, il n’existe pas de données précises sur ce groupe puisque le Secrétariat d’Etat aux migrations ne tient pas de statistiques spécifiques à ces demandes, explique Anne Arvy. Ceci malgré les recommandations de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne. Par ailleurs, la plupart des études produites ces dernières années sur cette population traitent des capacités juridiques des personnes LGBT à faire valoir leur droit à une protection. Mais les données sur leur situation concrète manquent pour comprendre tout le reste de l’asile, tout ce qui n’est pas son aspect légal, mais qui façonne le quotidien des personnes. En conséquence, nous ne savons pas combien de réfugié.es LGBT vivent à Genève, ni dans quelles conditions.»

» Permanence d’information organisée tous les jeudis de 14h à 18h à l’association 360. lgbt.asile.ch