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Le rire, un moteur de fantasmes, de désir et de plaisir

Le rire, un moteur de fantasmes, de désir et de plaisir

Même si l’on dit qu’une personne qui rit est à moitié dans ton lit, la société hétéro-patriarcale et normative nous a enseigné que le sexe, c’est du sérieux et qu’il est hors de question de se marrer au pieu. Sortons des scripts tristement habituels en laissant le rire s'immiscer sous la couette.

«La chair est triste, hélas! Et j’ai lu tous les livres». Cette phrase de Malarmé résonne dans bien des esprits et fait écho au classique «Omne animal triste post coïtum» (tous les animaux sont tristes après le coït) de Galien. Même si l’on dit qu’une personne qui rit est à moitié dans ton lit, la société hétéro-patriarcale et normative nous a enseigné que le sexe, c’est du sérieux et qu’il est hors de question de se marrer au pieu. Sortons des scripts tristement habituels en laissant le rire s’immiscer sous la couette.

Pour cela, nous avons échangé avec deux personnes qui comptent parmi celleux qui pensent, réinventent et créent le désir sexuel: Lullabyebye, co-fondatrice de la maison de production de films Puppy Please et travailleuse du sexe, ainsi que Ludi Demol, doctorantx en sciences de l’information et communication et genres & sexualités.

«Associer rire et sexe, c’est queer et politique»

Ludi Demol commence: «Associer le rire et le sexe a quelque chose de profondément politique, c’est une manière de se réapproprier les codes et d’inventer des sexualités queer.  Mais le rire est aussi protéiforme et les effets qu’il peut provoquer dans le cadre des jeux sexuels sont multiples.»

Assurément, il joue un rôle dans la stimulation du désir: «Mon rire excite mes clients», explique Lullabyebye. Lesquels clients n’hésitent pas à lui demander des scénarios fun et décalés. La productrice et actrice d’Une Blonde baise avec sa fucking machine devant son chien-chien explique en outre que le rire joue un grand rôle dans le processus créatif au sein de Puppy Please: «Nous travaillons beaucoup à partir de choses qui nous font rire et nous construisons la narration. Sans le rire, nous ne pourrions pas aller aussi loin. Incontestablement, le rire libère et permet davantage de subversion. D’ailleurs, les gens rient durant les projections de nos films!»

Le rire, outil de fantasmes BDSM

Ensuite, n’en déplaise aux puristes, dans le BDSM, le rire, asymétrique ici, joue également un rôle: «Le rire peut instaurer un certain malaise et permet de tourner une personne en ridicule. Alors, il peut servir les stratégies d’humiliation et par là même, de domination… Le tout en brouillant les codes traditionnels du genre», explique Ludi Demol. En outre, il désamorce le côté parfois glauque ou par trop violent de certaines séances. Lullabyebye se rappelle d’une scène qui l’a beaucoup amusée: «Je jouais une fliquette qui dominait un mec et qui lui demandait aussi bien pour le rabaisser que pour se rassurer elle-même, de répéter après moi ‘J’aime la police’. C’était assez cocasse!». Les adeptes de ce type de jeux érotiques pourront trouver beaucoup de plaisir à créer de nombreux scénarios où le rire et le comique de situation se mêlent à la peur et à la douleur.

Complicité et désamorçage

Dans le cadre d’une relation physique non tarifée et non scénarisée, qu’elle soit purement sexuelle ou romantique et sexuelle, le rire peut servir à créer de la complicité et de l’intimité – comme dans toutes les autres situations de la vie quotidienne en fait.

Le rire partagé ouvre également à de nouvelles possibilités où le sexe se fait plus léger, plus ludique, plus surprenant. «Le rire permet aussi de se lancer des petits défis et de jouer la carte du fun», ajoute Ludi Demol. «Essayez de demander à votre partenaire de vous défoncer la boîte à caca si vous avez envie d’une sodomie! C’est un bon moyen de la·e déstabiliser et de pimenter les choses.» À chacun·e·x de jouer sur les mots, les situations et/ou les accessoires pour imaginer et créer une sexualité plus ludique et facétieuse.

Enfin, se marrer au lit, c’est aussi réussir à dédramatiser certaines situations étiquetées peu glamour… Flatulences ou pets vaginaux, sécrétions fortuites, draps souillés, éjaculation précoce ou pénétration qui coince… autant d’infortunes durant l’acte qui peuvent être désamorcées par un rire partagé pour passer rapidement à autre chose sans tuer le désir.

Y’a t-il une limite dans le rire? Un point de non-retour à ne pas dépasser pour ne pas ruiner le désir? Assurément, c’est selon chacun·e·x! En tout cas, on ne risque rien à essayer: «Le rire permet de rendre le sexe moins sérieux, moins scripté et de se réapproprier sa sexualité. C’est aussi un moyen de diversifier ses pratiques», conclut Ludi Demol.

Alors que vous soyez vanille ou kinky, tradi ou plus déluré·e·x, n’oubliez pas que l’on peut se fendre la pipe avant de la tailler.