Comme si l’amour protégeait du VIH…
L’enquête Gay Survey 2007 confirme la tendance amorcée depuis le milieu des années 1990: les gays relâchent leur vigilance à l’égard du VIH. Ses auteurs préconisent un effort de prévention renforcé auprès des jeunes gays.
L’érosion des comportements préventifs – même s’ils restent majoritaires – se poursuit parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en Suisse. Selon la dernière enquête «Gay Survey», dont les résultats viennent d’être publiés, le pourcentage de gays n’utilisant pas systématiquement le préservatif lors de la pénétration anale avec un partenaire occasionnel est passé de 9% en 1994 à 24% en 2007 (voir graphique). L’analyse des 3000 réponses au questionnaire paru dans les médias gay au cours de l’été 2007 a mis en évidence la progression des pratiques telles que le retrait avant éjaculation (pour 47% des répondants), le choix du partenaire en fonction de son statut sérologique présumé (38%) ou encore l’option d’une position sexuelle passive ou active en fonction du statut présumé de son partenaire (23%) – autant de «stratégies de prévention» personnelles à l’efficacité incertaine, voire hasardeuse.
Ignorance du statut sérologique
Autre point faible relevé par l’IUMSP: le dialogue et la confiance au sein du couple. Alors que c’est la première fois depuis le début du suivi, en 1994, que les répondants déclarent majoritairement ne pas utiliser systématiquement de préservatifs lorsqu’ils pratiquent la pénétration anale avec leur partenaire stable, plus du tiers avouent ignorer le statut sérologique de ce dernier. Autre résultat inquiétant: malgré les recommandations, environ un couple sur dix renonce au préservatif sans test VIH préalable – comme si l’amour protégeait du VIH…
L’IUMSP s’inquiète en particulier de cette situation chez les jeunes, qui «n’augure pas d’une amélioration à moyen terme des comportements préventifs parmi les HSH.» A ce propos, l’étude pose la question de l’impact actuel des efforts de prévention. Si la lassitude des gays plus âgés est habituellement invoquée pour expliquer le relâchement de la prévention dans cette classe d’âge, l’analyse des résultats de Gay Survey plaide en faveur «d’ajustements des stratégies» pour la prévention auprès des plus jeunes gays qui débutent leur vie sexuelle. G.M. et A.G.
www.iumsp.ch Les résultats complets de l’étude figurent sous la rubrique «publications»/«rapports d’évaluation»
On peut sans doute se demander quel est l’impact réel des approches de réduction des risques ou de réduction des dommages promues par certains sur l’épidémie dans notre communauté.