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Traitement VIH: une double piqûre tous les deux mois

Traitement VIH: une double piqûre tous les deux mois
Raphaël Crédit photos : © Kathelijne Reijse-Saillet / kathelijne‧nl

Bonne nouvelle pour de nombreuses personnes vivant avec le VIH: la prise des traitements va pouvoir être grandement allégée.

Les traitements actuels du VIH rappellent quotidiennement aux personnes qu’elles vivent avec cette infection. La nouvelle possibilité consistant en une double injection tous les deux mois change la donne. 360° en parle avec un·e expert·e et une personne concernée.

360°: Florent Jouinot, tu assures la coordination romande de l’Aide suisse contre le sida. Cette nouvelle modalité de traitement s’adresse aux personnes vivant avec le VIH mais il existe, comme pour tout nouveau médicament, des critères d’éligibilité pour pouvoir en bénéficier, comme par exemple le fait de ne pas avoir d’hépatite ou de ne pas suivre certains traitements antibiotiques. Peux-tu nous en dire plus?

Florent: Il y également d’autres critères, comme l’indice de masse corporelle et le moment où la personne a découvert son statut sérologique. Certaines personnes vivent avec un virus résistant à l’une ou l’autre molécule proposée en injection aujourd’hui. Dès lors, elles ne pourront pas bénéficier de cette nouvelle modalité.

360°: Raphaël, tu vis avec le VIH depuis 6 ans. Comment vis-tu ton traitement?

Raphaël: En préambule, je souhaite  préciser que je témoigne afin de pouvoir aider à la compréhension de cette thématique et profite de cette opportunité pour annoncer ma séropositivité à mon père, que j’aime tant.

Le fait de prendre mon traitement tous les jours, que je supporte très bien, me rappelle constamment que je vis avec le VIH. La plus grosse difficulté est cependant l’ignorance et la discrimination. Hors du milieu gai, il y a encore des gens qui croient qu’on peut être contaminé par le VIH en utilisant les mêmes WC.
Parfois, j’ai pensé qu’avoir une autre maladie, même plus grave, m’aurait permis de pouvoir bénéficier de plus de soutien en général. Quand tu as le VIH, il y a toujours cette référence au fait que tu as fauté, que tu as une maladie honteuse, et ces représentations ont des répercussions sur la santé mentale. Les médecins supposent toujours que je prends mal mon traitement, que je ne suis pas fiable. La stigmatisation est aussi présente dans le monde du travail, les loisirs et dans le langage vis-à-vis du VIH/SIDA. Il y a un manque d’éducation effrayant.

360°: Quelle a été ta réaction quand tu as appris que le traitement pourrait consister en une double piqûre tous les deux mois?

Raphaël: J’étais ravi. Je satisfais aux critères et suis d’autant plus motivé que le traitement tous les deux mois me semble plus léger que le traitement quotidien. Ces injections vont aussi me permettre de voyager plus facilement, d’éviter ce rappel journalier et de ne plus avoir une logistique autour de cette médication. Un rendez-vous suffira. C’est la fin de cette charge mentale.

360: Florent, cette possibilité de traitement concerne-t-elle également les personnes qui découvrent leur séropositivité?

Florent: Bien sûr. Elles sont en première ligne si la souche de leur VIH n’est pas résistante aux molécules proposées. Il faut néanmoins savoir que les coûts associés à ces nouveaux traitements (protocole d’introduction, suivi médical, personnel spécialisé, etc.), leur prise en charge par les assurances doivent encore être discutés.

360°: Penses-tu que cette nouvelle modalité de traitement va susciter un grand intérêt?

Florent: L’Aide suisse contre le sida constate d’ores et déjà un engouement important sur les réseaux sociaux. La prise tous les deux mois permettra aux personnes de suivre leur traitement plus discrètement. Pour certain·e·x·s, cette prise leur évitera d’avoir un rappel quotidien de leur statut sérologique qui peut réactiver un traumatisme lié au moment où iels ont découvert vivre avec le VIH. C’est aussi une bonne chose pour le monde de la santé, car certaines personnes adhèreront plus facilement à leur traitement.

360°: Quelle sera l’accessibilité en Suisse?

Florent: La procédure est en cours: les médicaments ont été validés et leur commercialisation devrait intervenir courant 2022.

360° tient à remercier très sincèrement les deux personnes interviewées, et en particulier Raphaël pour sa confiance, sa force et son courage de s’ouvrir au lectorat sur son identité et sa réalité de vie.