Sex, remise en cause de l’identité masculine

Dans le premier volet de l'étonnant triptyque Oslo Stories, le réalisateur Dag Johan Haugerud suit deux ramoneurs. Entre fantasmes, adultère et découverte de l’homosexualité, ils vivent des expériences qui perturbent des schémas bien établis.
À travers trois films, Sex, Dreams et Love, le réalisateur norvégien Dag Johan Haugerud explore Oslo et les mœurs de ses habitants. Fonctionnant indépendamment les uns des autres tout en se complétant, mais pas forcément, ils prennent la forme d’une comédie humaine très réussie. Le cinéaste nous plonge dans la vie sentimentale et sexuelle de ses différents protagonistes, évoquant de nouvelles manières de concevoir ou d’assouvir ses désirs. Tout en parcourant la ville, qu’on observe des toits pour prendre de la hauteur, des fenêtres d’appartements, à vélo ou à pied, l’auteur bâtit sa trilogie Oslo Stories autour de questions de genre, de remises en cause qui taraudent ses protagonistes.
Premier volet à sortir dans les salles de Suisse romande, Sex. Deux ramoneurs amis se confient entre adultère, découverte de l’homosexualité et remise en question de l’identité masculine. Père de famille hétéro, marié depuis longtemps, l’un d’eux avoue avoir eu la veille une aventure totalement inattendue avec un client. L’acte le hante. Même si ça lui a plutôt plu, il assure ne pas vouloir recommencer. Selon lui, ce n’est pas le signe d’une homosexualité latente, ni comme une infidélité. Il raconte d’ailleurs la chose à sa femme, qui le prend très mal. Quant à son collègue, également marié, il lui fait part d’une révélation étonnante, sinon extravagante. Toutes les nuits, il rêve qu’il est une femme draguée par David Bowie…
Déconstruction
On peut évidemment faire une lecture métaphorique de ce film où, sur fond de désir fantasmé, Haugerud s’amuse à déconstruire les codes de la virilité. Comme dans Dreams et Love, les autres volets de la trilogie à découvrir plus en détail dans les prochaines semaines, l’auteur se livre à un traitement subtil, délicat et sensible des rapports humains modernes. Il ne craint pas les discussions crues sur la sexualité, l’amour et ses conventions, mais évite tout voyeurisme ou démonstration vulgaire. Une touche norvégienne réaliste, émouvante, originale.
De petites vies à portée universelle
Des histoires a priori banales. Mais l’idée d’Oslo Stories est justement d’analyser la banalité et de livrer une œuvre à portée universelle à partir de toutes petites vies – des ramoneurs, une lycéenne, des soignants – paradoxalement si singulières. Chacun cherche sa place dans la société, et le cinéaste témoigne de ces quêtes de façons différentes: monologue, voix off ou longues conversations. Parfois trop longues, il est vrai. Une réserve mineure au demeurant, les bavardages se révélant le plus souvent fascinants, et d’une rare ouverture d’esprit.
Sex (en vf: Désir), de Dag Johan Haugerud (Norvège, 1h58), dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 juillet. Suivront Dreams le 6 août et Love le 13 août. Distr. Xenix.
