Mes bites sont dans mon sac
Léon est un activiste transgenre. Il tient le compte Instagram @salinleon dans lequel il lutte pour plus de représentation positive des personnes transgenres.
Dans cette chronique, je continue à discuter avec Julien. Un homme cisgenre, hétéro, avec qui je partage certaines de mes pensées. Il est fictif, sans être irréel. Julien ça pourrait être toi, moi et/ou nous.
Cher Julien, je suis célibataire pour la première fois de ma vie. Je sors d’une relation de quatre ans avec une femme cis. Quand on s’est rencontré·e·s, j’étais encore perçu comme femme. On s’est engagé·e dans une relation lesbienne pour rompre en tant que couple hétéro.
J’ai l’impression de renaître. Pas parce que la relation était mauvaise; au contraire, c’était une relation magnifique. Je renais car aujourd’hui, après trois ans de testostérone, c’est la première fois que je me retrouve perçu comme homme et célibataire.
Pour me changer les idées de cette rupture, tu me proposes de sortir en ville avec tes potes. Ça va me faire du bien, tu me dis. On arrive en bande. La boîte est remplie à craquer. Il y a une écrasante majorité d’hommes, assoiffés. Tu spotes une jolie fille et tu me dis: «Vas-y, aborde-la.»
Je la regarde et je remarque les cinq autres mecs qui sont venus lui parler, l’un après l’autre. Flashback. Il y a quelques années, c’était moi la meuf qui passait sa soirée à repousser les mille relous qui viennent proposer un verre. Non, je ne peux pas participer à ça.
En plus, dans quel but? Imagine si ça se passe bien. Imagine qu’elle me trouve irrésistible et qu’elle veuille me ramener dans son lit. A quel moment je lui dis que j’ai oublié de prendre mes bites dans mon sac?
Julien, toi et moi on est différent. Tu as une seule bite, et moi trois.