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Chère Jocelyne, Cher Georges

Chère Jocelyne, Cher Georges
Captures YouTube/Le Temps

Votre prestation filmée récemment partagée par le quotidien Le Temps mérite que je prenne ma plume pour vous écrire un mot. Face à tant de récup’ et de violence satirique pour tourner les personnes trans* en bourrique, je suis sans voix.

Je m’adresse ici à tous les «ça», les «riens», les «quelqu’unes», les «troisièmes cases», les «gender queens», les «euphoriques du genre», les «genderfluids», les «ol», les «ul», toutes ces personnes que vous désignez dans votre logorrhée bien spécifique pour mieux vous foutre de leur gueule. Toute une frange de la population.

Rembobinons. Le 17 mars, Le Temps postait une énième capsule vidéo de l’humoriste qui vous incarne, Claude-Inga Barbey. Ah oui: le 17 mars 2021, précisons. Sur fond du débat stérile suscité par l’écriture inclusive au sein de la cour des citoyens et citoyennes «à la papa» (généralement les moins concerné·e·x·s, remarquons), votre comédienne s’attaque cette fois-ci au sujet des transidentités. Frontalement, on s’entend. Âmes sensibles s’abstenir, pas drôle, bête et méchante, la vidéo est difficile à visionner jusqu’au bout. Face à votre «psy» décoiffée et débordée, empêtrée chez Freud, incarnée elle aussi par Claude-Inga Barbey, on vous voit faire votre coming-out trans*. Visiblement, la comédienne a bien fait son boulot: votre vocabulaire est bien choisi, très précis. Comme pour mieux dresser le portrait ridicule d’une personne dans sa quête identitaire. Y a-t-il de quoi rire?

Par les temps qui courent, personne ne crache sur un «buzz», aussi «bad» soit-il

Allez, morceau choisi: cet instant où vous rectifiez votre psy qui s’adresse à vous en tant que jeune fille: «Ça est heureux, j’ai transitionné. Vous devriez essayer en tant que vieille fille.» Sympa. En vous désignant en tant que «ça», vous tapez dans la case du clown tueur au cinéma. Vous savez, It. On est loin de l’intime chemin identitaire en quête de pronoms correspondant au mieux à qui vous êtes. Bref, passons. Par les temps qui courent, personne ne crache sur un «buzz», aussi «bad» soit-il. En postant cette vidéo, les réactions étaient à prévoir. Tant qu’on en parle, hein!

Je me suis donc retrouvé, comme beaucoup de gens, à découvrir avec effroi cette petite bombe haineuse. Tétanisé, j’ai parcouru les commentaires en dessous. Bien camouflés derrière les poncifs «On ne peut plus rien dire», «On peut plus rire de rien» ou mieux encore, «On peut rire de tout, ça dépend avec qui», les défenseurs et défenseuses de la sacro-sainte liberté d’expression s’insurgent contre l’époque qui ne pardonne rien. Et on ressort Pierre Desproges, évidemment. Qui doit bien se retourner dans sa tombe. Le connaissez-vous, chèr·e·x·s «ça»? Cet homme d’esprit que vos parents et grands-parents chérissent tant, les mêmes qui étaient fans du «All We Need Is Love» des Beatles. Il a bon dos Desproges, croyez-moi! Car il ne s’agit pas de ne plus rien oser dire, il s’agit au contraire de tout dire. Mais de le faire dans le respect des autres. Surtout lorsqu’il s’agit de personnes qui ne vous ont rien demandé et qui se voient taclées gratuitement et sans raison, comme ça, paf! Des personnes que vous choisissez de moquer avec une violence inouïe. Voilà pourquoi c’est inacceptable. En guise d’épilogue, à celles et ceux qui s’offusquent qu’on ne «puisse plus rire de tout», c’est à vos enfants que je ne souhaite pas d’être trans* avec des parents comme vous. Ah, un dernier conseil rien que pour vous, chèr·e·x·s «ça», songez peut-être à changer de psy.