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Freddie Rhapsody

Freddie Rhapsody

Fauché en pleine gloire par le sida à tout juste 45 ans, Freddie Mercury est entré dans la légende par la grande porte. Et dans ma vie pour toujours.

Freddie Mercury et moi avons fait connaissance sur la banquette arrière de ce qui devait être une Golf au milieu des années 80. Plus exactement, j’étais sur la banquette et lui dans l’autoradio de mon tonton Philippe. Ce qui au fond importe peu, tant cette rencontre a marqué durablement mon existence. J’avais une dizaine d’années et son Radio Gaga a résonné comme une révélation.

C’était rock, c’était glam, et cela ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu entendre jusque-là. Un homme capable de chanter avec autant de force et d’émotion ne pouvait être qu’exceptionnel. Un coup de foudre qui débouchera quelques mois plus tard sur l’acquisition de mon premier lecteur CD portable et du Queen Live Magic. L’occasion de découvrir Bohemian Rhapsody, l’indétrônable hymne qui ne cesse de me vriller l’âme et les tripes depuis lors. Celui que j’écoutais tous les soirs en cachette sous la couette avant de m’endormir. Qui, toujours et encore, me redonne du cœur à l’ouvrage quand je n’ai plus le courage de rien. Et qui continue de m’arracher des larmes, même quand tout va bien.

Dire qu’à l’époque, tandis que Freddie admirait le lac depuis sa terrasse de Territet, je crapahutais non loin de là sur les rochers du côté d’Yvoire. Casque vissé sur les oreilles, je me gavais de son incroyable voix, rêvant du jour où j’aurais la chance d’admirer son mythique jeu de scène, à Wembley de préférence. Cadeau Ô combien symbolique que je comptais réclamer pour mes 15 ans. Hélas, le sort en a décidé autrement. Dix-neuf jours après mon quatorzième anniversaire, Freddie perdait son combat contre le sida le 24 novembre 1991. Subitement, cette maladie un peu lointaine devenait cruellement réelle à mes yeux. Ce dimanche-là, assise sur un ponton de bois humide avançant dans le Léman qu’il aimait tant, j’ai pleuré la perte d’un être cher que je n’avais pourtant jamais rencontré.

Au fil des ans, quatre enfants sont venus peupler la maison. Il n’est d’ailleurs pas rare d’en entendre un m’appeler en hurlant «Maaammmaaaaaaaa!», pendant que les autres répondent en chœur «Hou hou houhouuuuuuu!»

Aujourd’hui, j’approche de l’âge que Freddie avait lorsqu’il nous a quitté. Il m’a accompagnée durant toutes les petites et grandes étapes de ma vie. Au fil des ans, quatre enfants sont venus peupler la maison. Il n’est d’ailleurs pas rare d’en entendre un m’appeler en hurlant «Maaammmaaaaaaaa!», pendant que les autres répondent en chœur «Hou hou houhouuuuuuu!». Il est vrai qu’ils ont écouté Queen bien plus souvent qu’Henri Dès. Et que nos visites à Montreux passent inlassablement par l’imposant bronze du bord du Lac.

Avec le recul, je réalise que grâce à Freddie Mercury, j’ai découvert un nombre important de notions qui ont forgé l’adulte que je tente encore de devenir. On citera notamment l’univers queer, l’humour anglais, la meilleure façon de passer l’aspirateur, et le fait que nos choix importent moins que la façon dont nous les assumons. Pour tout ça Freddie, je te dis merci.

Illustration: Balmer Hählen