À fleur d’échine
«Les nerfs sont les seuls liens de connexions entre le cerveau et le reste du corps humain. En cela, un vaste réseau part du cerveau (situé dans la boîte crânienne) et descend dans tout le corps grâce à la moelle épinière passant par les vertèbres de la colonne vertébrale, sur laquelle sont reliés tous les nerfs.» Nerfs (article de Wikipédia)
En moi, une lutte. Quelque chose veut dire oui, quelque chose veut dire non, quelque chose s’accroche, quelque chose s’enfuit. Etrange sensation d’apesanteur agitée, comme si le corps voulait aller à la fois de l’avant et en arrière, approcher et se retirer simultanément. Boule de nerfs, je suis. Pas énervée, non. Plutôt innervée, comme flottant dans une bulle irriguée de nerfs. Sensible à l’extrême, tous les sens en éveil, telle une araignée au centre de sa toile, en alerte. Sensible au moindre mouvement, même jusqu’aux légers déplacements d’air que provoquent les corps en mouvement tout autour de moi. La peau à vif, irritée par les approches brusques ou non souhaitées, perçues comme des intrusions, je me retire instantanément de moi-même en moi-même, à l’instar des anémones de mer et des coraux lorsque les courants subaquatiques à l’improviste les surprennent. Louve aux aguets, mon échine se hérisse pour un rien, pour ce qui peut sembler un détail insignifiant. Pas imprévisible mais sauvage, impétueuse. Maelström de sentiments mêlés, bouillonnante et plus vivante que jamais, je m’écarte de tout ce et de tous ceux qui me sont toxiques. Plus aucune patience, aucune tolérance pour les faux-semblants, les masques sociaux, les convenances, les regards opaques, les esprits absents. Pas une goutte de temps à perdre en bruits de couloirs et peopleries travesties en conversation. Je ne veux plus que rapports vrais, intimes, dévoilés.