Dyke-O-Rama: célébrer les cultures «dykes, gouinxes, trans et queer»

Le festival Dyke-O-Rama revient pour une nouvelle édition à Genève, du 11 au 13 avril 2025, et propose trois jours de cinéma, lectures, fêtes, repas et créations pour célébrer les cultures « dykes, gouinxes, trans et queer » encore trop invisibilisées.
Tout a commencé en 2023, dans le sillage de la pièce «J.J.» de Pauline L. Boulba et Aminata Labor, jouée au Théâtre de l’Usine. À cette occasion, les deux artistes invitent des personnes de la scène queer genevoise sur scène, ce qui donne lieu à la mise en place d’un espace “dyke bar festif” autour de la pièce: «c’était une expérience enrichissante, beaucoup de personnes de différentes générations sont venues partager une joie commune autour de nos héritages culturels dykes gouinxes trans et queer» explique le collectif. L’engouement est tel que le collectif décide de faire perdurer cette expérience en créant l’association Dyke-O-Rama.
Engagement politique et culturel
Le projet est porté la nécessité de créer des espaces culturels pour les communautés dykes gouinxes trans et queer et revendique également une filiation politique: «le terme « dyke » s’étend au-delà d’une identité et fait résonner des héritages politiques et culturels multiples qui existent depuis longtemps dans différents lieux géographiques.»
Dans un contexte de montée des conservatismes, ces initiatives sont plus nécessaires que jamais selon le collectif. «La montée du fascisme renforce les discours sexistes, transphobes et racistes. Créer et tenir ces espaces de productions culturelles dykes gouinxes trans et queer est d’autant plus important pour nous aujourd’hui».
La nécessité d’espaces communautaires
Le festival répond aussi à un besoin criant de lieux communautaires «dykes» à Genève: «fin 2022, le café-librairie Livresse fermait ses portes. Les lieux publics tenus par et pour des communautés queer et/ou gouinxes devenaient de plus en plus rares. Nos seules options étaient de se faire une place chez nos amis cis-gay ou chez les hétéros, mais les agressions restent fréquentes hors de nos espaces.» Face à ce constat, Dyke-O-Rama affirme une politique de la création d’espace et de la multiplication des initiatives culturelles.
«Heureusement, les Baragouines sont apparus à Genève, mais il y a un manque flagrant d’espaces communautaires et ce n’est pas unique à Genève ou à la Suisse romande, ce manque s’inscrit dans un contexte mondial. Nous sommes très contentexs que l’espace culturel « le Kauri », tenu par un collectif de personnes queer raciséxes, ait vu le jour l’année passée, tout comme l’implication du Théâtre de l’Usine ou du Spoutnik pour célébrer nos cultures».
Programmation et activités de l’édition 2025
La programmation de cette édition reflète cette approche intersectionnelle. Vendredi soir, le Spoutnik ouvre le bal avec un cycle de courts-métrages de Chery Dunye, Alisa Lebow et Annette Kennerley, suivi d’un repas au Kauri, puis des concerts de Gaouta et Enana. La nuit continue avec une carte blanche aux DJ Gold Finger et questorange.
Samedi, place à la littérature avec la présentation du livre Sarahland, avant la pièce We Have Decided Not To Die de Louise Siffert au Théâtre de l’Usine. Le Spoutnik accueillera ensuite performances et DJ sets signés PussyR, Gorge Bataille, Nana Buluku et Athena. Dimanche, ce seront les dyko-poètes qui occuperont la scène avec Juli Sando, Alex Gence et Nayansaku Mufwankolo. Sans oublier les dyko-cinéphiles, avec un nouveau cycle de courts-métrages en clôture.
Tarification solidaire et esprit collectif
Tout est à prix libre (sauf la pièce sur réservation et les concerts au Kauri), et le mot d’ordre reste la joie collective : « comme on est pour l’instant un collectif bénévole, on fonctionne plutôt au plaisir et à la joie », résument les organisateurices. Et la joie est indéniablement politique.