Une liste d'homos dans les calepins des gendarmes

L’endroit est bien connu comme un espace de drague gay par les automobilistes de passage. La Tuffière, à une dizaine de kilomètres au sud de Fribourg, sur la voie sud-nord de l’A12, est depuis quelque temps l’objet de contrôles d’identité d’un type particulier. Les gendarmes consignent dans un calepin le nom et le numéro d’immatriculation des hommes seuls arrêtés sur le site. A un collaborateur de «La Liberté» qui s’étonnait de ce contrôle, un agent a répondu que c’était «parce que La Tuffière est un lieu de rencontres homosexuelles.» A la police cantonale, on confirme les relevés d’identité, mais on plaide un malentendu de la part de l’agent. Selon le porte-parole des gendarmes, il n’y a aucun fichage des homos. Les agents auraient été priés d’agir contre «les dégradations et le désordre» sur le site, dont les abords sont recouverts d’une «moquette de préservatifs». Par ailleurs, des dégâts importants ont été constatés aux WC, inutilisables. Les homosexuels, assure la police, ne seraient pas spécifiquement en cause.

Selon l’association locale Sarigai, la police cherche, en réalité, à «intimider» les gays qui fréquentent la Tuffière. Alexandre Robatel, président du groupe fribourgeois, regrette ce «coup de balai» qui prive les homosexuels qui s’assument le moins d’un lieu de rencontre, et du même coup les organismes de prévention VIH d’un lieu pour dialoguer avec ces derniers. «Ce procédé est maladroit et vise une population déjà fragilisée», conclut-il.

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