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Monkeypox (variole du singe) en Suisse: «C’est un peu le virus qui n’existe pas»

Monkeypox (variole du singe) en Suisse: «C’est un peu le virus qui n’existe pas»
@canva

Si la Suisse dénombre au 29 juillet 264 cas déclarés de monkeypox, le silence et l’inaction des pouvoirs publics face au virus est assourdissant.

Alors que, le samedi 23 juillet 2022, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a défini l’épidémie de monkeypox comme une urgence de santé publique de portée internationale, des hommes de la  communauté gai, bi et pan suisse ont accepté de témoigner. Ils relatent notamment l’inaction du Conseil Fédéral, tant en termes de communication que lorsqu’il s’agit de mettre un vaccin à disposition des populations exposées au virus.

Hugo* a 36 ans et vit à Lausanne. Il a contracté le monkeypox lors d’un after de la Pride parisienne. Il raconte: «Dès le mardi, je me suis senti très fatigué, je toussais un peu. Je me suis dis que j’avais un peu forcé, qu’il fallait que je prenne du repos. Par sécurité, j’ai fait un test Covid qui est revenu négatif. Je me suis un peu trainé toute la semaine, je me sentais malade. Puis, j’ai passé le weekend entre amis et le samedi, alors que tout le monde faisait la fête, je me suis endormi comme une masse à 23h.»

Le lundi, Hugo refait un test Covid à nouveau négatif et découvre un bouton sur son sexe. «Je ne pensais pas du tout au monkeypox. Comme j’avais un voyage professionnel prévu, j’ai d’abord pris rendez-vous au Check Point pour la fin de la semaine. Mais voyant que mon état n’était franchement pas bon, j’ai annulé mon séjour et avancé mon rendez-vous au Check Point. La docteure a été immédiatement formelle: c’était bien le monkeypox.»

À la suite de ce premier rendez-vous, Hugo souffre également d’une douleur au doigt. S’il songe d’abord à un panaris, le médecin infectiologue qu’il consulte au CHUV lui explique qu’il s’agit d’une surinfection consécutive à l’infection au monkeypox. S’ensuivent une intervention pour retirer la zone infectée, la prise de pénicilline et un suivi hospitalier. «Je devais venir toutes les 48 heures pour faire contrôler mon doigt. Au bout de 15 jours, j’en avais tellement marre que je me suis effondré en larmes à l’hôpital. Les médecins ont été très compréhensifs.»

Aujourd’hui guéri, Hugo dresse un bilan personnel de cette expérience: «Psychologiquement, ça a été compliqué. Ça m’a renvoyé au fait que mes actes peuvent rendre mon corps malade. S’en est suivi une vraie réflexion sur l’approche que j’ai des rencontres.»  Il exprime également un certain nombre de critiques dans la manière dont est gérée l’épidémie en Suisse. «On dispose d’un peu d’infos factuelles via les sites de l’OFSP et de Dr. Gay mais je trouve que l’on manque de conseils concrets en termes de prévention. Je ne comprends pas bien non plus pourquoi on laisse se faire des soirées mousse par exemple. Ça ne me choquerait pas qu’on les suspende le temps que l’épidémie se calme.»

À lire ou relire : Épidémie de monkeypox en Suisse: Que faire? Comment se protéger?

De son côté, Guillaume, 39 ans, vit à Collombey dans le Valais. Il n’a pas attrapé le virus mais son témoignage est révélateur de ce que beaucoup de personnes exposées pensent: «En Suisse, le monkeypox est un peu le virus qui n’existe pas. Les institutions et les médias n’en parlent pas ou vraiment peu. Il a fallu attendre hier soir (le 28 juillet) pour voir quelqu’un du Checkpoint Genève s’exprimer à la télévision. On dirait que ce virus ne se diffuse pas en Suisse alors qu’il y a déjà eu 264 cas ce qui, rapporté à la population, fait beaucoup. J’ai l’impression que le sujet est tabou. Je ne me sens même pas à l’aise de l’évoquer avec mon médecin généraliste.»

Il déplore l’inaction institutionnelle et associative face au virus et se désole du retard pris en termes de vaccination. «Même si les choses commencent à bouger un peu, je suis déçu et triste de la réaction tardive non seulement du gouvernement mais aussi des associations et des centres de santé communautaires. On se sent un peu perdus, franchement pas tranquilles et surtout oubliés et délaissés alors même qu’on lit les témoignages des personnes touchées sur les réseaux sociaux. On attend que les institutions se bougent, on attend que Berset passe à l’action, que des vaccins soient enfin disponibles.»

Guillaume conclut: «Depuis que le nombre de cas augmente, j’ai changé mes habitudes. J’ai refusé quelques soirées parce que je veux me protéger, protéger mon conjoint et mes amis mais je sais que sans vaccins cela ne suffira pas à endiguer l’épidémie.»

*prénom d’emprunt