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L’éducation sexuelle inclusive reste menacée de criminalisation

L’éducation sexuelle inclusive reste menacée de criminalisation
La récolte de signature pour l'initiative «Stop pédophilie», l'été dernier à Varsovie. Photo: Twitter.

Le Parlement polonais a renvoyé en commissions une initiative liberticide, qui assimile l'information sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre à la pédophilie.

Le Parlement polonais a voté jeudi. Il a décidé de poursuivre l’examen du projet de loi intitulé «Stop pédophilie» qui amalgame explicitement cette dernière à l’homosexualité. Issu d’une initiative populaire constitutionnelle signée par plus de 250’000 citoyens, le texte pourrait mener à la criminalisation de l’éducation sexuelle s’il passe la prochaine étape, celle des sous-commissions parlementaires. Toutefois, aucune date d’examen n’a été fixée.

Les auteurs du projet de loi demandent jusqu’à 3 ans d’emprisonnement pour les enseignants qui «promeuvent la sexualité auprès des mineurs», rappelle l’agence Reuters. Et le glissement anti-gay ne trompe pas, quand les initiateurs affirment que «les organisations et les activistes LGBTQ+ sont les plus impliqués dans la promotion de l’éducation sexuelle» et qu’ils «éveillent et forment les enfants à l’homosexualité». L’initiative «Stop pédophilie» était discutée en même temps qu’un autre texte émanant du même groupe de pression, la fondation Strona Życia, qui prévoit la quasi interdiction de l’avortement en Pologne. Il a subi le même sort.

«Manœuvre cynique»
En pleine crise de coronavirus, Draginja Nadazdin, directrice d’Amnesty International Pologne voit dans la décision des parlementaires «une manœuvre très cynique»: «Au lieu d’écouter les dizaines de milliers de personnes qui ont bravé le confinement pour participer à des protestations en ligne et dans l’espace public, le Parlement décide de continuer de plancher dessus». Il faut rappeler que les nationalistes-conservateurs du parti PiS au pouvoir ont la majorité absolue au Parlement.

L’association LGBTQ+ Stowarzyszenie Miłość Nie Wyklucza («L’amour n’exclut pas») nuance, en expliquant qu’il est «courant que le gouvernement tente de ne pas faire enrager les lobbys» en ne votant pas directement contre une loi dont il ne veut pas. Mais tant qu’elle reste en examen, l’inquiétude des militants demeure vive pour l’avenir de l’éducation des plus jeunes autour de la santé sexuelle, de la diversité et des discriminations en terme d’identité de genre et d’orientation sexuelle.

La Pologne dans le radar
La progression d’un tel projet de loi – pourtant déjà condamné formellement par l’Union européenne – est d’autant plus controversé dans un pays où les queers sont régulièrement pris pour cible par le PiS, qui avait déjà condamné comme «contraire aux valeurs catholiques» les programmes d’éducation sexuelle inclusive approuvés par l’OMS. Au niveau local, une centaine de municipalités se sont proclamées «libres de toute idéologie LGBT», notamment dans leurs écoles. Selon l’«Atlas de la haine» dressé par des activistes polonais, ce mouvement couvre un tiers du pays, soit un territoire deux fois plus étendu que la Suisse.