Vers une interdiction des pseudo-thérapies de conversion en Allemagne

Un an de prison et 30’000 euros d’amende: c’est la peine maximale prévue en Allemagne pour les promoteurs de prétendues thérapies de conversion censées changer l’orientation sexuelle d’un individu ou le forcer à renoncer à une transition de genre. Le projet de loi, qui doit encore être soumis au Bundestag, pourrait entrer en vigueur d’ici six mois. Il a été élaboré par le ministre de la Santé, Jens Spahn (CDU), lui-même ouvertement gay.

Le projet de loi prend en considération les dégâts physiques et psychologiques entraînés par ces traitements: dépression, troubles anxieux, perte de libido et risque accru de suicide.

Seulement les thérapies «ciblées»
Ces pratiques doivent être interdites systématiquement pour les mineurs, mais aussi pour les personnes majeures en cas «de coercition, de menaces ou de tromperie». Les pseudo-thérapeutes – qu’ils soient psychologues, médecins, coachs, prêtres, pasteurs, etc. – seront passibles de poursuites, tout comme les parents qui pourront répondre de «violation graves à leur devoir en matière d’éducation». Le projet de loi précise toutefois que seuls les thérapies «ciblées» sont répréhensibles.

Cette interdiction, a expliqué Jens Spahn, «est un important signal social adressé à tous ceux qui se débattent avec leur homosexualité: c’est ok d’être comme tu es.» Le parti social-démocrate SPD, partenaire de la coalition, a exprimé ses réserves, estimant que le projet n’allait pas assez loin.

Troisième pays en Europe
En Europe, seules Malte et l’Autriche ont opté pour une interdiction légale des thérapies de conversion. Le sujet est à l’étude en France, où une mission parlementaire a entamé ses travaux cet automne. Un projet de loi pourrait voir le jour l’an prochain.

En Suisse, le Conseil fédéral a rejeté cette année une motion de l’ex-conseillère nationale Rosmarie Quadranti (PBD/LU) demandant une telle interdiction. Il estime les codes de déontologie actuels suffisants pour éviter les dérives, sans aborder la question des pseudo-thérapies imposées dans un cadre non-médical, notamment religieux. L’objet devrait toutefois être débattu au Parlement.

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