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David Berger, le franc-tireur qui divise la scène gay

«Sexiste», «populiste», «égocentrique»: une partie des milieux LGBT allemands s'en prend au rédacteur en chef du magazine «Männer», dont ils dénoncent une dangereuse dérive.

Le rédacteur en chef de la revue «Männer» cristallise les tensions au sein de la communauté gay d’Outre-Rhin. David Berger, 46 ans, est accusé de «populisme de droite» et d’encourager «l’exclusion et la discrimination» par l’agence allemande de lutte contre le sida. L’organisation vient d’annoncer qu’elle retirait ses annonces du mensuel «sexy, intelligent et gay», selon sa devise de la revue. Dans un communiqué, elle explique que la ligne du magazine tiré à 20’000 exemplaires est désormais «incompatible avec les principes de la prévention», rapporte le «Tagesspiegel».

En cause: une série d’articles polémiques dans le mensuel. En août, notamment, un dossier de «Männer» sur les origines de l’homophobie suggérait que les gays avaient une part de responsabilité dans les manifestations de violence à leur encontre. «Nous ne sommes pas simplement jugés sur avec qui nous partageons notre lit. Mais aussi sur la façon dont nous représentons ce fait», pouvait-on y lire. Ce n’est pas le seul papier qui a créé le malaise. Au goût de certains, «Männer» s’attarde un peu trop sur l’islamisme en Allemagne et dresse des portraits complaisants de politiciens gay de droite.

Orateur talentueux au physique juvénile
Théologien catholique de formation, ex-enseignant et auteur de plusieurs livres sur Saint Thomas d’Aquin, orateur talentueux au physique juvénile, David Berger est devenu une personnalité incontournable du débat sur les LGBT en Allemagne depuis la publication de son ouvrage choc «Der heilige Schein» (2010). Plongée dans les arcanes de l’Eglise, le livre affirmait que jusqu’à 40% du clergé catholique était composé d’homosexuels… y compris le pape Benoît XVI. Berger avait repris les rênes de «Männer» en 2013.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le magazine ne met pas vraiment en valeur la diversité au sein de la communauté LGBT. A longueur de pages, les modèles masculins sont stéréotypés. Trans, gros, efféminés et vieux s’abstenir. «Les talibans queer n’aiment pas les hommes musclés qui profitent de la vie tout simplement, se défend Christian Mentz, un des collaborateurs de «Männer», dans le Huffington Post […] Quoi, on nous prive de notre base d’identification? On n’est pas nécessairement malheureux, opprimés? Berger nous enlève cette étiquette de victime!»

«Système Berger»
Ces derniers temps, la dispute s’est focalisée entre Berger et l’éditeur d’un des sites LGBT les plus lus d’Allemagne, Queer.de. Ce dernier a dénoncé le «système Berger» dans un article fleuve. Il expose le théologien, au fil des posts sur les réseaux sociaux, comme un égocentrique sexiste, qui passe son temps à tirer à boulets rouges sur ses concurrents, comme sur les associations LGBT du pays – à la botte des politiques, selon lui.

David Berger, peut-on lire dans Queer.de, «n’est pas un observateur de la scène gay, un journaliste qui produirait des critique sévères, mais justes. C’est quelqu’un qui joue les indignés pour tirer à vue et semer la pagaille chez lui; une opinion qui agit à son propre profit sans faire grand cas d’arguments et de faits. Bref, un populisme dangereux, qui, si on le laisse faire, peut laisser la scène gay à l’état d’un tas de gravats.»