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Alex Baczyński-Jenkins confronte le Berlin d’hier au présent

Alex Baczyński-Jenkins confronte le Berlin d’hier au présent
Alex Baczyński-Jenkins, Malign Junction (Goodbye, Berlin), 2025. © Gropius Bau. Photo: Spyros Rennt.

À découvrir à l’Arsenic jusqu’au 6 avril, Malign Junction (Goodbye, Berlin) d’Alex Baczyński-Jenkins propose une traversée chorégraphique où le Berlin des années 1930 – marqué par la montée du fascisme – dialogue avec les fractures politiques d’aujourd’hui. Entre cabaret, urgence militante et poésie queer, la pièce interroge nos manières d’être ensemble face à des libertés fragilisées.

Quand on pénètre dans l’univers d’Alex Baczyński-Jenkins, on sent tout de suite que la danse n’est pas qu’une affaire de mouvements bien chorégraphiés. C’est une plongée dans un moment politique tendu, à la croisée des luttes queer et d’une histoire sombre qui menace de se répéter. Avec Malign Junction (Goodbye, Berlin), l’artiste convoque à la fois l’énergie d’un cabaret, l’urgence d’une protestation et la douceur d’une rencontre intime.

Une formation hors des sentiers battus

Formé à l’Université des Arts de Berlin, Alex a participé à un programme expérimental visant à repenser la formation en danse: «Nous expérimentions ce que pourrait être une formation pour un artiste de la danse.»

Cet esprit d’exploration se retrouve dans ses premières œuvres, comme Us Swerve (2014), où quatre performeur·euse·x·s en rollerblades déclament de la poésie queer et féministe. Depuis ses débuts, Alex s’intéresse à «travailler avec le désir et différentes manières d’être ensemble.»

Berlin: passé trouble, présent sous tension

Dans Malign Junction (Goodbye, Berlin), il tisse un lien avec l’œuvre de Christopher Isherwood, Goodbye to Berlin. Plutôt que de raconter une histoire linéaire, il évoque «ce que c’est de vivre dans une époque où le fascisme se rapproche», tout en ancrant sa pièce dans l’effervescence créative de Berlin. Comme le souligne Alex, l’idée est de souligner «la force et la fragilité» qui coexistent dans une ville en mutation politique.

«Quatre activistes risquent l’expulsion…»

S’inspirant de Bob Fosse et de son célèbre film Cabaret — lui-même adapté d’Isherwood — la pièce interroge ce que signifie danser dans un climat menaçant. La question résonne particulièrement aujourd’hui, alors qu’Alex rappelle que «quatre activistes risquent l’expulsion pour avoir protesté contre un génocide», illustrant la dérive autoritaire qui s’insinue jusque dans les sociétés démocratiques.

Fragmentation et création collective

L’une des signatures d’Alex Baczyński-Jenkins est son goût pour la fragmentation, qu’il considère comme un terrain propice à l’exploration :
« Différents contextes parlent entre eux. J’aime rapprocher des éléments qui, a priori, ne semblent pas reliés. »

C’est ainsi qu’il intègre les références à George Grosz (ses automates mécaniques devenus symboles d’une société déshumanisée) et à Matisse (ses formes dansantes, plus oniriques). Plutôt que d’aspirer à une unité classique, il invite le public à assembler les pièces d’un puzzle dont la cohérence émerge à mesure qu’on traverse la performance.

Quand la danse devient un acte politique et queer

Si la pièce parle de mémoire historique, elle est aussi profondément ancrée dans une démarche queer. Depuis ses débuts, Alex travaille dans une atmosphère d’échange entre les performeur·euse·x·s, où la relation à l’autre est centrale. Ce dialogue se prolonge dans le rapport au public, appelé à sentir combien nos existences sont liées, notamment face aux périls politiques.

«j’ai fait une déclaration politique directe»

Lorsque la question de l’engagement surgit, l’artiste explique qu’il est parfois indispensable de prendre position ouvertement: «Avant une représentation à Berlin, j’ai fait une déclaration politique directe, parce que le contexte l’exigeait.»
Pour lui, faire danser un cabaret sous tension ou brandir un slogan revendicatif répond au même besoin: refuser le silence face aux menaces actuelles.

«I can’t do this alone »: le collectif comme moteur

Au-delà de sa dimension historique, Malign Junction (Goodbye, Berlin) rappelle l’importance de l’entraide et de la solidarité — un message on ne peut plus pertinent à une époque où les droits des minorités peuvent être fragilisés. Une chanson house martèle d’ailleurs ce refrain: «I can’t do this alone» (Je ne peux pas faire ça touxtes seul·e·x).

Pour Alex Baczyński-Jenkins, la réponse à la montée du fascisme, d’hier comme d’aujourd’hui, passe par la communauté et la création collective. Et son spectacle vient nous rappeler, avec force gestes et fragments poétiques, qu’il y a dans l’acte de danser ensemble un puissant élan de résistance.

Infos pratiques
Retrouvez Malign Junction (Goodbye, Berlin) à l’Arsenic, Lausanne:

Du 3 au 5 avril, à 21h
Le 6 avril, à 19h

Réservations et billetterie sur arsenic.ch.

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