Lausanne
#formation

Conférence LGBTIQ+

sam 12 avril, 13:30
Nyon
#live

Safia Nolin + Laura Cahen

sam 26 avril, 20:00
Genève

Dyke-O-Rama

ven 11 avril, 18:00
Lausanne

Burlesque Extravaganza X

ven 25 avril, 20:00

René Burri, karma caméléon

René Burri, karma caméléon
René Burri, Xerox, Los Angeles, États-Unis, 1971 © René Burri / Magnum Photos. Fondation René Burri, courtesy Musée de l’Elysée, Lausanne

Pour sa dernière exposition monographique classique avant son déménagement à Plateforme 10, le Musée de l'Elysée à Lausanne rend un hommage vibrant au photoreporter suisse le plus important de son époque.

«Il a toujours voulu aller au sommet de la montagne pour voir ce qui se passe au-delà de la Suisse.» Lorsqu’il parle de René Burri, les yeux de Marc Donnadieu pétillent. Et pour cause, dans quelques jours aura lieu le vernissage de l’exposition «René Burri, l’explosion du regard» au Musée de l’Elysée. Pendant qu’autour de nous le musée s’affaire aux derniers préparatifs dans une effervescence contagieuse, le conservateur en chef et co-commissaire de l’exposition prend le temps de partager sa passion. A l’écouter, la liste des arguments pour (re)découvrir le travail incroyablement prolifique de René Burri est infinie.

Si le musée lausannois a déjà consacré plusieurs expositions et une grande rétrospective au photoreporter le plus célèbre au monde, l’actuelle ne ressemble à aucune autre. Il s’agit en fait de la première depuis la création en 2013 de la Fondation au Musée de l’Elysée à la demande du photographe disparu en 2014 pour gérer et sauvegarder son œuvre. Dès le début de l’inventaire, le conservateur et son équipe constatent l’ampleur gargantuesque de la production allant bien au-delà de la photographie. «Enfant, son talent inné pour le dessin le prédestine à devenir artiste, explique le commissaire. Mais lui n’en a aucune intention, il veut faire des films. Encouragé par son père photographe amateur, il réalise sa première photo à 13 ans, un cliché de Winston Churchill lors de son passage en Suisse. Puis il poursuit sa formation dans une école d’arts appliqués à Zurich, où il étudie le graphisme et apprend à réaliser des maquettes de livres.» Nous sommes dans les années 1940-50. Fasciné par Picasso, il est bouleversé face à «Guernica» qu’il découvre dans une exposition à Milan, un tableau sur un événement historique important.

Reconnaissance internationale
Précoce et hyper doué, il maîtrise le dessin, sait faire des films et les monter, ainsi que des maquettes. A tout juste 20 ans, il réalise son premier reportage photo et son talent stupéfiant ne tarde pas à se révéler au grand jour via l’agence Magnum basée entre Paris, Londres, Zurich et New York. Werner Bischof, son mentor, y travaille. René Burri présente à l’agence son reportage sur des ateliers de musique dans une école de sourds-muets. L’agence le vend au prestigieux magazine «Life» quelques semaines plus tard. C’est la reconnaissance internationale pour le jeune homme de 21 ans qui poursuit la carrière hors-norme que l’on sait. Son inspiration est colossale et infinie, tout comme son enthousiasme. «Il photographie les dirigeants politiques du monde entier, il n’a peur de rien», souligne Marc Donnadieu.

René Burri, El Che, après 2005, reproduction peinte sur carton d’invitation de la Rétrospective 2005-2010 à Rotterdam © René Burri / Magnum Photos. Fondation René Burri, courtesy Musée de l’Elysée, Lausanne

Présent dans l’exposition, un de ses clichés les plus connus montre Che Guevara délesté de son expression de dirigeant de la révolution cubaine au profit d’une posture de séducteur. «Il est passé à côté de quelques sujets pour rester aux côtés de sa famille pendant les fêtes de fin d’année. Mais lorsqu’il obtient le visa pour photographier Che Guevara, René Burri part le 31 décembre pour La Havane avec une journaliste américaine pour «Life». Belle et intelligente, elle a un effet particulier sur «le Che» qui la séduit. Elle fume des cigarettes, il allume un cigare. Pendant ce temps-là, René Burri matraque, ne perd rien de cet instant où rien n’est prévu. Un instant où, à travers l’objectif touché par la grâce du photographe, la figure iconique du révolutionnaire devient d’un coup terriblement humaine», observe le commissaire. Pour revoir la photo en connaissant la petite histoire et en découvrir de nombreuses autres, rendez-vous au Musée de l’Elysée où René Burri, l’explosion du regard est visible jusqu’au 3 mai 2020.

» elysee.ch