STUCK: le waacking comme cri du corps

Du 20 au 23 mars 2025, l’Arsenic à Lausanne accueille S.T.U.C.K., première pièce chorégraphique de Mounia Nassangar. Figure incontournable du waacking, danse née dans les clubs queer de la côte ouest des États-Unis, elle livre une création où le mouvement devient catharsis, porté·e·x·s par cinq danseur·euse·x·s habité·e·x·s.

Avec STUCK, Mounia Nassangar pose une question essentielle: comment le corps compose-t-il avec les traumatismes? « J’ai eu le sentiment d’être coincée dans mon corps à des moments différents de ma vie », raconte-t-elle avant de comprendre qu’elle vivait un burnout, d’où le titre stuck qui veut dire « coincé·x·e ». C’est en prenant du recul sur ce vécu que la chorégraphe a conçu cette pièce, où cette expérience est transcendée en un langage scénique.

Une danse queer d’émancipation

Sur scène, cinq danseur·euse·x·s – Suzanne Degennaro, Serena Freira, Oumrata Konan, Nicole Kufeld et Carla Parcianello – s’approprient le waacking à leur manière. « Leurs corps et leurs histoires sont très différents, mais iels s’expriment avec le même style de danse, en étant engagé·e·x·s et sincères », souligne Mounia Nassangar.

« Le waacking est une danse d’urgence et d’expression, née d’une oppression »

Dans un jeu d’ombre et de lumière captivant, et porté·e·x·s par la musique de la beatmakeuse Mac L’Arnaque, les interprète·x·s traduisent cette lutte intérieure en gestes saccadés, en poses et explosions d’énergie. « Le waacking est une danse d’urgence et d’expression, née d’une oppression », rappelle la chorégraphe. En effet, le waacking est né dans les communautés queer noires, asiatiques et latines qui fréquentaient les clubs de la côte ouest des U.S.A, et qui trouvaient dans cette danse un moyen d’exister et de revendiquer leur identité. Un exutoire via la danse où le corps reprend le pouvoir face aux oppressions raciales, LGBT-phobes et classistes de la société.

« À l’origine du mot waacking, il y a l’idée de frapper avec force », avec l’onomatopée whack que l’on trouve dans les vieilles bandes dessinées de Batman », explique Mounia Nassangar, évoquant le lien avec « la claque » qu’elle a reçue en découvrant son burnout. « Ce style de danse se distingue par l’accent mis sur les bras et les mains, utilisés pour marquer le rythme. À ses débuts, le waacking consistait à incarner des personnages avec une grande dramaturgie, d’être le personnage principal de son propre film », ajoute-t-elle. Le lien avec le septième art est d’ailleurs au cœur de STUCK, car la pièce est conçue en cinq actes comme un enchaînement de plans séquences.

Une invitation à la résilience

Dans STUCK, il n’est pas seulement question de sidération, mais aussi de dépassement. Le spectacle propose une mise en mouvement comme une manière d’exorciser l’invisible d’un état psychologique compliqué. Cette tension se traduit grâce à la danse mais aussi à la musique, qui tient une place centrale. La bande-son de STUCK rend hommage avec brio à la musique House et à la French Touch, styles musicaux descendants directs du disco, musique originellement liée au waacking.

Avec cette première pièce chorégraphique, Mounia Nassangar réussit à transformer une expérience intime en un exutoire universel, à travers une danse queer qui célèbre la pluralité des identités et des corps. STUCK promet un moment puissant où la danse devient un langage pour raconter l’indicible.

*Toutes les citations ont été tirées de l’interview présente dans le dossier de presse de STUCK