Montreux

Ma toute première tournée d’adieu

mar 30 décembre, 20:00
Sion

Queernotzet #8

sam 13 décembre, 22:00
Genève

Pulse Jingle Balls

sam 13 décembre, 19:00
Lausanne

Marché de No·iel

dim 14 décembre, 13:00

Le corps exploré

Le corps exploré

Nés aux Etats-Unis, les séminaires de Body Electric se développent en Europe. Ces cours de massages érotiques consistent à faire redécouvrir les potentialités de son corps. 360° s’est rendu à Amsterdam pour les explorer.

Qu’est ce qui différencie un bon d’un mauvais rapport sexuel? Une heure entre les mains d’un masseur formé à l’approche du toucher érotique taoïste vous en apprendra plus sur le sujet que la dernière saison de «Sex and the city». Après un week-end d’initiation à l’école du «Body Electric», il se peut même que vous jetiez carrément votre télévision par la fenêtre.

Fondée en 1984 aux USA par un séminariste jésuite gay du nom de Joseph Kramer, l’école du «Body Electric» a commencé par se faire connaître en organisant régulièrement des séminaires de massages sexuels pour hommes gays ou bisexuels en pleine période d’hystérie autour des questionnements touchant à la transmission du virus du sida. La méthode de Kramer consiste à associer à un massage des zones génitales, des techniques de respiration particulières qui favorisent l’émergence d’états d’extase sexuelle. Depuis quelques années des séminaires pour les femmes et des séminaires mixtes sont également organisés.

Exploration douce
Cette approche spirituelle des plaisirs sexuels commence à faire des émules en peu partout en Europe. Un site Internet tient à jour une liste de masseurs formés à cette méthode dans différents pays d’Europe. Et à Amsterdam, la mouvance connaît un certain succès depuis quelques années déjà. Une école du Body Electric, fondée en 1997, y propose en effet des week-ends d’initiation et des programmes résidentiels sur cinq jours. On y apprend à redécouvrir son corps et à explorer des plaisirs insoupçonnés…

Vendredi soir. Dix-sept hommes, âgés de 23 à 65 ans, sont présents dans une salle de l’école de Body Electric d’Amsterdam. Le programme débute par des exercices effectués face à face pour apprendre à connaître et à être connu des autres participants, qui se découvrent tour à tour. Nous nous regardons dans les yeux, puis nous respirons plusieurs fois ensemble, en essayant d’harmoniser nos rythmes. Ces exercices nous aident à nous préparer pour le rituel de déshabillage qui va suivre. Plongés dans une demi-pénombre, répartis par groupes de trois, lentement, avec respect, deux hommes caressent et en déshabillent un troisième. Puis les rôles s’inversent jusqu’à ce que nous soyons tous complètement nus. Cette première soirée culmine autour d’un grand cercle où l’animateur nous invite à regarder de la tête au pied, longuement et en détail, les corps qui nous entourent. Mon regard se pose sur ces hommes, leurs pieds, leurs sexes, leurs mains, leurs visages. Au-delà de tout sentiment d’attraction ou de répulsion, je suis surpris de ressentir un étrange, mais agréable sentiment de fraternité avec cette «tribu» d’explorateurs érotiques.

Le samedi matin, je suis prêt et enthousiaste à l’idée d’apprendre enfin ce fameux massage taoïste dont j’avais si souvent entendu les éloges. «Le massage que vous allez apprendre a pour but de vous faire ressentir l’énergie sexuelle dans l’ensemble du corps et pas uniquement dans vos parties génitales, c’est un orgasme du corps entier!», explique l’animateur. Un orgasme ressenti dans tout le corps? «Oui. Cet orgasme commence par une phase d’excitation génitale, mais au lieu de conserver l’énergie sexuelle (et le plaisir) dans le bassin, vous apprendrez à l’aspirer à travers l’ensemble du corps. Ces orgasmes n’impliquent pas d’éjaculation, ce qui les rend très énergisants et permet d’étendre les pointes de plaisir sur des périodes bien plus longues.» Voilà que je me retrouve nu allongé sur la table de massage, les yeux fermés, m’abandonnant aux mains anonymes, chaudes et huilées des deux hommes qui massent mon sexe et le reste de mon corps. Durant plus d’une heure, les animateurs guident les apprentis masseurs dans l’application de plus d’une vingtaine de techniques destinées à faire monter l’énergie sexuelle chez ceux qui les reçoivent. Le seul rappel des noms évocateurs de certaines de ces techniques tel que «Twist and Shout» ou «Crown Caress» suffisent aujourd’hui encore à me faire afficher un sourire béat. Entraîné par le rythme de la musique orientale, la respiration continue et cette chorégraphie érotique à quatre mains, mon corps est littéralement traversé par des vagues d’électricité qui donnent soudainement tout son sens au terme «Body Electric». Les yeux fermés, j’entends les râles de plaisir qui s’échappent de mes voisins sur les autres tables.

Après plus d’une heure d’un massage qui me fait découvrir toute une gamme de sensations érotiques nouvelles, on m’invite à pratiquer la «Grande Aspiration» qui consiste à contracter l’ensemble des muscles du corps, en retenant sa respiration pendant une minute avant de tout relâcher! Délicatement recouvert d’un drap, j’entre ensuite dans la phase de l’expérience métaphoriquement nommée «stade du cocon». Pendant 10 minutes, les massés sont laissés à eux-mêmes sans aucun contact physique. Là, les choses prennent une tournure éminemment personnelle pour chaque participant. Certains hommes sentent remonter à la surface des émotions de tristesse ou de colère liées à des événements non résolus de leur histoire personnelle, d’autres se sentent traversés par des vagues de joie qui déclenchent des éclats de rire inexpliqués.

Ce séminaire ne correspond résolument pas à l’idée que l’on peut se faire d’un week-end orgiaque. Dans le cercle final que nous avons formé au terme du séminaire, dans une pièce saturée par l’odeur d’encens et d’huile de massage, un participant a bien résumé les sentiments de tous: «Ce week-end n’a pas seulement réveillé mon corps, mais également mon cœur et mon esprit. Je réalise que le sexe coupé de sa dimension spirituelle ne me comble pas et que la spiritualité qui nie l’importance de la sexualité est une mort de l’esprit».