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Les délices du Dr Schwarz

FEUILLETON EROTIQUE MODERNE (3) - Le Dr Grégoire Schwarz s’est fait recoudre son appareil génital déchiqueté lors d’un accident de voiture. A l’heure du premier contrôle, il est sur le point de découvrir le nouveau look de ses attributs virils quand son mobile sonne. C’est Lola, son amante.

Les délices du Dr. Schwarz

Le Dr Grégoire Schwarz s’est fait recoudre son appareil génital déchiqueté lors d’un accident de voiture. A l’heure du premier contrôle, il est sur le point de découvrir le nouveau look de ses attributs virils quand son mobile sonne. C’est Lola, son amante.

Troisième épisode
«Oui, je suis là, Lola», soupira-t-il dans le téléphone.
Il lui raconta son accident et ses conséquences tout en louchant vers la poupée de pattes sur laquelle s’affairait l’infirmière, munie d’une paire de ciseaux. Une phrase du grand Proust s’imposa à lui: «L’amour le plus exclusif pour une personne est toujours l’amour d’autre chose.» Et Greg pressentit que cette passion ne résisterait pas à l’accident, qu’il ne connaissait au fond pas Lola et qu’elle-même devait aimer chez lui des qualités qu’il ne possédait que partiellement. Une relation clandestine perd souvent en équilibre ce qu’elle gagne en piquant, se dit-il comme un vieux con résigné.
Il balbutia sans conviction un «Lola, je t’aime» pour conjurer ce naufrage du cœur et du corps qui le faisait sombrer insensiblement dans la dépression. Et pour enfoncer encore le clou, cette géniale salope de Proust lui souffla une autre réflexion, bien méchante, à l’oreille: «On serait à jamais guéri du romanesque, si l’on voulait, pour penser à celle qu’on aime, tâcher d’être celui qu’on sera quand on ne l’aimera plus.»
Drago Stepanovic observait son patient, prêt à le soutenir. Le chirurgien avait compris que Greg parlait à une amante. C’était gênant, mais il en avait vu d’autres dans cette usine à soins qui lui semblait parfois tenir plus d’un provincial asile de fous que d’un prestigieux centre hospitalier universitaire. Quant à l’infirmière congolaise, elle poursuivait le déballage du sexe avec une minutie d’horlogère, tout en faisant balancer dans l’échancrure de sa blouse ses énormes seins satinés.
A 60 kilomètres de là, tout en prodiguant de banals mots de réconfort, Lola tentait de faire le point. Son amour avait faibli. Et maintenant, cet homme qu’elle avait adoré, qui l’avait fait jouir si souvent et si intensément, n’était plus qu’un quasi-castrat. Le soir même, elle était invitée à dîner par un professeur d’ethnologie fraîchement nommé dans sa faculté. Elle était pressée de séduire ce quinquagénaire poivre et sel au verbe pompeux, pédant en toutes circonstances. Dans quelques heures, quand il l’aurait inévitablement invitée à boire un dernier café chez lui, elle le violerait, lui ferait éructer des grognements peu académiques. Greg n’était plus de son côté qu’un petit toubib soigneur de rhumes, qui n’avait jamais eu le courage de quitter femme et enfants. La pitié est le moins érotique des sentiments, se dit-elle en parcourant des yeux sa collection de koteka suspendus au mur.
Tout en tentant de soutenir moralement à distance son amant sur le point de découvrir le nouveau look de sa bite, elle se souvint du jour où Greg s’était fabriqué un koteka de pacotille pour la féliciter de sa brillante défense de thèse sur ces fameux étuis péniens des Papous. Il avait débarqué chez elle coiffé d’une perruque afro, le nez traversé d’un os de farces et attrapes et tenant une sagaie bricolée à partir d’un manche de balai. Il s’était déshabillé avant même de l’embrasser, exhibant fièrement son sexe emballé et soutenu par le bricolage de carton et de ficelle. Pourtant habitués aux fous rires, celui-ci les terrassa durant un bon quart d’heure.
Entre deux sanglots d’hilarité, Lola avait quitté à son tour son jean et son t-shirt. Il ne lui restait que son string jaune viennois, le préféré de Greg, celui qui célébrait le mieux ses deux petites fesses de gazelle. Le koteka de carton ne résista pas à l’érection déclenchée par la danse rituelle que son amante exécuta avec une sauvagerie toute primitive. La jeune docteur en anthropologie l’avait apprise aux antipodes, durant les six mois passés au milieu de la tribu qu’elle étudiait. Tout en psalmodiant des formules magiques, Lola poussa énergiquement Greg dans un fauteuil et s’agenouilla entre ses jambes. Elle prit sa queue dans la bouche en levant ses yeux en amande vers ceux de son Papou du jour. Mais Greg avait jeté sa tête en arrière. «Regarde-moi quand je te suce», ordonna-t-elle. Elle aimait exhiber sa gourmandise et sa théâtralité de suceuse accomplie.
La fellation… Lola en était une experte. Avec elle, cette caresse humide devenait un miracle toujours renouvelé, une fugue aux infinies variations où les lèvres, la langue, les joues et les dents s’associaient à l’aspiration pour rendre fou son bénéficiaire. Elle voulait cette fois qu’il jouît rapidement sur sa langue tirée, ce qu’il fit en lui criant des mots d’amour. Elle monta ensuite sur le fauteuil pour qu’il la lèche du clito à l’anus. Greg lui faisait faire un demi-tour toutes les cinq minutes, pour n’épargner aucune zone de son intimité. Quand elle lui gueula «dis-moi que tu m’aimes, dis-le moi!», il sentit palpiter son clitoris entre ses lèvres. Ils baisèrent ensuite tout l’après-midi comme des Papous en pleine orgie rituelle. C’était l’apogée de leur fusion, le temps de l’amour fou.
Lola s’était excitée toute seule en se remémorant cet épisode vieux déjà d’une année. Elle s’était mise à se caresser en écoutant Greg décrire le lent démontage de son koteka occidental, savante superposition de bandes et de gazes.
«Voilà, je vais le voir mon Paolo nouveau», dit-il en tentant vainement de dédramatiser. Mais sa main écrasait son mobile et ses tempes bourdonnaient quand les dernières bandelettes, telle une vulgaire peau de banane, tombèrent en étoile autour du totem restauré.
«Oh! Mon Dieu, s’exclama Greg. Mon Dieu! Je la vois. Je les vois. C’est… mon Dieu!»
«Quoi mon Dieu? Quoi? C’est l’horreur? Mais dis-moi bordel de merde, dis-moi comment c’est!», cria Lola.
«C’est… c’est…»
Mais Sylviane, son épouse, et leurs deux grands enfants Max et Ninon entrèrent dans la chambre d’hôpital. Greg éteignit son mobile. Six paires d’yeux convergeaient vers un morceau de viande violacé, presque noir, hérissé de fils de suture, bardé de drains et surmontant un scrotum gros comme un melon.
(à suivre…)