Vainqueurs et champions du quotidien

Dès la petite enfance et plus tard en formation et dans la vie professionnelle, avec nos familles et nos ami·e·s ou simplement en proie à certaines mauvaises habitudes: sans en être forcément conscient·e·s, pris·e·s dans le flux de l’existence, nous accomplissons, chacun·e· à nos échelles et à nos rythmes respectifs, des exploits quotidiens. C’est exactement à ce dépassement de soi, ce qu’il implique de façon parfois intime et qui peut sembler anodin pour certain·e·s ou une montagne pour d’autres, que l’exposition « We are Oympians, and You? » fait référence.

Sur fond des valeurs olympiques et en effet miroir face aux témoignages de sportifs d’élite, les visiteurs sont amenés dans chaque secteur du parcours à la réflexion suivante: «Suis-je moi-même un champion olympique?» Il s’agit d’un programme réflectif, dans lequel les objets de l’exposition sont les athlètes, leurs citations et les films d’archive. Au-delà du sport, l’exposition explore le développement de soi sur trois niveaux, en anglais dans le texte: Me, Me & You, Together. Le premier signifie le chemin vers l’excellence conduisant à une meilleure connaissance de soi, le second fait écho au respect, dans le sens de trouver sa place et son rôle dans un groupe, puis le troisième consiste à contribuer à un monde meilleur.

Excellence, respect et amitié
Souvent décrit comme un visionnaire, l’historien et pédagogue français Pierre de Coubertin érigeait les trois valeurs officielles olympiques, l’excellence, le respect et l’amitié, comme un précepte de base au moment où il restaurait les Jeux Olympiques, en 1894. Son objectif était alors de pouvoir influencer le monde pour qu’il fonctionne mieux. Le fair-play, la tolérance et l’équilibre : autant de qualités avec lesquelles on ne naît pas, mais qui s’apprennent avec le sport, considérait-il. Un terrain unique ayant la capacité de faire tomber les barrières des différences économiques, culturelles, sociales et linguistiques.

Certaines thématiques considérées aujourd’hui encore comme des tabous enrichissent l’exposition, à l’image de la confession du nageur américain Michael Phelps, champion le plus médaillé de tous les temps, qui explique face à la caméra qu’il a passé dix ans de sa vie à se battre contre lui-même pour vaincre la dépression.

Billie Jean King, icône du tennis
Le questionnement des genres, l’égalité entre les hommes et les femmes et les questions raciales sont autant de sujets abordés. On y (re)découvre par exemple l’incroyable carrière de Billie Jean King, championne de tennis américaine qui relevait le défi en jouant contre Bobby Riggs, numéro un mondial des années 40, alors connu pour ses propos misogynes, afin d’en découdre une fois pour toutes avec la question des forces masculines et féminines. Elle gagnait le match à Houston en septembre 1973.

Figure emblématique de la communauté lesbienne, Billie Jean King est la toute première sportive à sortir du placard en faisant son coming out au début des années 80. En guise d’épilogue, citons la guide qui résume avec passion l’esprit de l’exposition: «À la fin du parcours, on comprend qu’être olympien ne signifie pas forcément d’avoir gagné des médailles, mais plutôt notre façon d’être avec les autres et avec soi-même.»

Le musée en bref

Dans le peloton de tête des musées les plus visités de Suisse, Le Musée Olympique fait le bonheur des touristes, ainsi que des habitants de Lausanne. Au départ du quai d’Ouchy en montant ses majestueuses marches face au lac, les nombreux visiteurs font une halte pour admirer et lire les infos des œuvres outdoor ou pour un selfie en famille ou entre ami.e.s. D’emblée, l’institution montre son ouverture et son ambition de s’adresser aux enfants autant qu’aux adultes. Le Musée propose son exposition permanente sur trois étages, déclinant en 1 500 objets et trois grands thèmes – à savoir le monde olympique, les Jeux Olympiques et l’esprit olympique – la fabuleuse épopée imaginée par Pierre de Coubertin: cette volonté de rassembler les nations autour d’un mouvement pacifiste dans lequel peuvent s’exprimer les différentes sensibilités à travers des compétitions sportives. On y découvre notamment le tout premier drapeau olympique datant de 1913, ainsi que les torches de toutes les éditions des Jeux depuis 1936. Ponctuée d’une pause gourmande ou d’un brunch le week-end au TOM Café et sa sublime terrasse surplombant le Lac Léman, la visite du Musée Olympique s’est naturellement imposée comme une étape incontournable lausannoise à l’échelle internationale.

» «We are Olympians, and You?», à voir jusqu’au 15.03.2020. Entrée gratuite. Infos pratiques: olympic.org/fr/musee

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