Chanteur, chanteuse… chanteuxe?
L'artiste britannique Sam Smith a annoncé sa volonté d'utiliser les pronoms «them», «they» pour se définir. Une démarche qui posera quelques cas de conscience à ses fans francophones.
«Après toute une vie à avoir mené une guerre contre mon genre, j’ai décidé d’embrasser qui je suis, de fond en comble.» Dans un post sur Instagram, la star des charts britannique Sam Smith a exprimé la volonté qu’on le définisse dorénavant en employant les pronoms «they» et «them». Cette décision fait suite au coming-out genderqueer non-binaire que l’artiste de 27 ans avait fait dans une interview avec l’animatrice radio Jameela Jamil, en mars dernier.
Sam Smith a avoué avoir «une pétoche noire» de la réaction de ses fans, tout en se sentant «super libre» et citant d’autres célébrités ayant fait le même choix, comme Laverne Cox ou Munroe Bergdorf.
En tout cas, les organisations LGBT comme Stonewall ont salué sa démarche: «Nous sommes enchantés que Sam Smith se sente capable de parler ouvertement de son identité de genre; sa visibilité aura un énorme impact sur de nombreuses personnes non-binaires.»
«Je sais que beaucoup de gens vont se tromper, mais tout ce que je demande c’est que vous essayiez», ajoute Smith.
Embarras
Le choix met les fans francophones (et accessoirement les journalistes) au pied du mur quant à la manière de se référer désormais à leur idole, au risque d’être accusés de mégenrage.
Si en anglais «they»/«them» (forme de la 3e personne du pluriel accordée au singulier) semble s’imposer, en français en revanche il n’y a pas de consensus sur l’utilisation de pronoms non genrés. Les plus courants sont «iel» et «ille» («soi» ou «ellui» pour les pronoms compléments). Mais ils sont contestés pour leur mélange des deux genres traditionnels, ce qui pousse certain·e·s à utiliser d’autres néologismes comme «ol»/«lo». Qui plus est, cet usage pose quantité d’autres problèmes spécifiques à la langue française, comme l’accord des adjectifs et participes (remplacer le «-e» féminin par la terminaison «-t», «-x» ou, entre autres, «-ae»?), ou la neutralisation des noms de profession, où chanteur/chanteuse deviendrait «chanteus» ou «chanteuxe».