La LGBTIQ Helpline en français pour répondre aux besoins romands

Depuis 2016, la LGBTIQ Helpline assure un service de soutien par les pair·e·x·s et une plateforme de signalement des crimes de haine anti-LGBTIQ. Pourtant, jusqu’ici, il n’existait qu’une équipe alémanique. Le manque d’un équivalent romand s'est longtemps fait ressentir. Depuis aujourd'hui, ça y est: une dizaine de bénévoles de tout l’arc-en-ciel et de toute la Suisse romande se relaient pour répondre aux messages et appels.

L’ouverture d’une Helpline romande répond à une demande récurrente de la communauté. «D’ores et déjà, nous recevons près d’une demande par semaine en provenance de Suisse romande, alors que nous n’y avons pas fait de promotion particulière», souligne Milo Kaeser, chef de projet de la LGBTIQ Helpline. Avoir trouvé les fonds pour pouvoir lancer une équipe francophone est donc une avancée essentielle. Lors des rencontres de la Fédération romande des association LGBTIQ+ et des assemblées générales de Pink Cross, l’absence d’un tel service en Suisse romande a souvent été pointée du doigt.

«Le tissu romand est riche, mais inégalement distribué. La Helpline s’inscrit en complément des offres existantes. L’objectif est simple: offrir un premier point de contact accessible pour toute personne cherchant du soutien ou souhaitant signaler un crime de haine, afin de la guider au mieux vers les ressources adaptées», souligne Gaé Colussi, responsable Suisse romande chez Pink Cross.

Une équipe francophone à l’image de la diversité romande

L’un des atouts majeurs de cette nouvelle offre est qu’elle est portée par une équipe qui reflète la diversité des communautés LGBTIQ+ en Suisse romande. Les répondant·e·x·s connaissent les spécificités des différents cantons et sont sensibles aux réalités locales. Cette proximité linguistique et culturelle renforcera la qualité de l’écoute et du soutien proposé. En complément, les bénévoles suivent des formations régulières afin d’apporter une écoute bienveillante et des conseils adaptés.

Comme en Suisse alémanique, la Helpline offrira une écoute bienveillante et des conseils adaptés aux réalités des appelant·e·x·s. Les sujets abordés sont variés: interrogations sur les associations, lieux et évènements communautaires, questionnements identitaires, situations de coming-out difficiles en raison d’un environnement hostile ou encore expériences de violences et de discriminations. «La Helpline est vraiment là pour toutes les interrogations et doutes sur les existences LGBTIQ+», explique Klara Kruse Rosset, répondante de longue date et coordinatrice de l’équipe romande.

« Personne ne sort indemne d’une agression LGBTIQ-phobe, qu’il s’agisse d’insultes, de harcèlement en ligne, de violences physiques ou de regards et gestes déplacés »

Un service vital accessible

En plus d’apporter une écoute et un soutien essentiel, la Helpline joue un rôle clé dans le recueil de témoignages sur les violences et discriminations basées sur l’orientation affective et sexuelle (réelle ou supposée) ainsi que sur l’identité et l’expression de genre notamment quand celles-ci ne congruent pas (totalement) avec le sexe assigné à la naissance et/ou les attentes sociales associées à celui-ci. «L’enjeu est double, insiste Muriel Waeger, co-directrice de l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS): il s’agit d’une part de collecter ces témoignages pour les faire exister au niveau national où n’existe aucune statistique. Mais surtout, de soutenir les personnes touchées, car personne ne sort indemne d’une agression LGBTIQ-phobe, qu’il s’agisse d’insultes, de harcèlement en ligne, de violences physiques ou de regards et gestes déplacés.»

L’accessibilité du service est un atout majeur. Disponible gratuitement et anonymement par téléphone et par chat ainsi que par e-mail, il permet d’atteindre un large public, y compris des personnes vivant en zone rurale et/ou précarisées. «L’accès à des services adaptés est souvent limité, voire inexistant, en dehors des grandes villes. Cela crée une barrière supplémentaire, en particulier pour les personnes qui sont éloignées des grandes villes, comme cela peut être le cas pour les personnes trans en milieu rural», souligne Noam Botero, du Transgender Network Switzerland.

L’arrivée de cette équipe romande pour la Helpline marque une avancée majeure pour les communautés LGBTIQ+ francophones. Attendue de longue date, elle incarne une reconnaissance des besoins spécifiques de la région et un pas supplémentaire vers une meilleure réponse aux besoins des personnes queers dans tout le pays. Une initiative que 360° salue avec enthousiasme!