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Avis de naissance au Palais fédéral

Première victoire, le 14 mars dernier, au Conseil des Etats, qui a dit oui à la levée de l'interdiction d'adopter pour les couples partenariés. «360°» et les Familles arc-en-ciel y étaient. Récit.

Un suspense intense, une tension presque insoutenable. Sur la tribune du Conseil des Etats, à Berne, des parents engagés – des mères surtout – pour défendre les droits de leurs enfants, se tiennent les pouces. Claude Janiak, élu socialiste, défend avec passion la nécessité d’abolir le très discriminatoire article de la loi sur le partenariat qui interdit aux couples d’adopter un enfant.

En ce 14 mars, le jour J est donc arrivé pour les familles arc-en-ciel et toutes celles et ceux concernés par ce combat, après des semaines et des semaines de travail passées à informer les parlementaires. En Suisse romande, treize familles du Groupe homoparents d’Espace 360 ont pris la peine d’écrire à chacun des conseillers aux Etats pour leur faire comprendre l’importance de ce vote. Faisant mentir le Röstigraben, à Genève et à Zurich, les activistes de l’Association des Familles arc-en-ciel n’ont jamais autant collaboré pour dresser les arguments aptes à convaincre les plus réticents. Convaincre les conseillers aux Etats, mais aussi les conseillers nationaux, puisque ceux-ci sont appelés à se prononcer (peut-être lors de la session d’été) sur une motion réclamant la possibilité pour le partenaire d’adopter l’enfant de son conjoint, pour autant que l’enfant n’ait pas d’autre parent biologique ou que celui-ci renonce à ses droits et à ses devoirs.

A Berne, les parents d’enfants privés de certains droits (succession, rente d’orphelin, garantie de pouvoir continuer à voir son parent social en cas de séparation,…) en ont fait des pas, des jours durant, dans la Salle des pas perdus, pour attraper les parlementaires et leur dire l’importance de leur soutien. En termes froids, on appelle ça du lobbying; mais le sujet qu’il s’agit de défendre avec ses tripes est si émotionnel, si intime, que ce mot résonne presque comme une injure pour toutes celles et tous ceux qui s’engagent dans ce combat. Pas toujours facile de dévoiler à un politicien comment a été conçu son enfant, rassurer tel ou tel parlementaire pour dire que «non, il ne pousse pas de travers». Mais quelle autre façon y aurait-il que ce dévoilement intime pour faire prendre conscience à tous ces décideurs qui pèsent sur nos vies que les enfants grandissant dans des familles arc-en-ciel sont déjà une réalité (6000 à 20’000 en Suisse), et méritent davantage qu’un pur débat théorique?

Ni gauche ni droite
En ce mercredi 14 mars, donc, les conseillers aux Etats s’apprêtent à voter. Plusieurs élus prennent la parole: impossible d’échapper aux diatribes conservatrices. Mais le clivage est loin de se résumer à l’axe gauche-droite. Le libéral-radical neuchâtelois Raphaël Comte démontre que le refus de l’adoption à un couple de même sexe relève de l’arbitraire; la démocrate-chrétienne Anne Seydoux-Christe parle de la nécessité d’ouvrir les yeux et de reconnaître l’homoparentalité comme une réalité sociale déjà existante. Moment du vote: une forêt de bras se lèvent pour le oui; une autre forêt pour le non. C’est serré. On compte. Verdict délivré en allemand: «ja: ein und zwanzig; nein: neunzehn».

Côté romand, les mamans engagées ne sont pas certaines d’avoir compris. Les Alémaniques non plus d’ailleurs, tant on peine à y croire. «On a gagné? On a gagné? Oui!» Le fruit d’un travail intensif. Ce n’est que la première manche, tant le Conseil national devra à nouveau se prononcer sur cette motion (session d’automne), comme sur celle, probablement, portant sur l’adoption par le partenaire (session de juin?). Mais on avance, et la confiance grandit. Ce jour-là, le champagne a coulé au Palais fédéral.