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Le LUFF explore l’avant-garde érotique gay

Le LUFF explore l’avant-garde érotique gay

Virtuose de la surprise et du décalage, le Lausanne Underground Film Festival vient troubler l’ordre de nos compartiments culturels avec, parmi ses ovnis filmiques, une belle virée dans le porno rétro de Wakefield Poole.

L’année 2016 marque la quinzième année du Lausanne Underground Film Festival, anniversaire par lequel il ne se laisse imposer aucune autre ligne sauf celle, déjà bien tracée, de donner accès à des productions en marge, déterrant des pépites cinématographiques de l’oubli et de la médisance. Le LUFF fouille dans l’histoire du cinéma, parmi les productions low budget et hors catégorie, passant par les séries B ou Z, mais aussi du X, réhabilitant des grands classiques de l’érotisme et de la pornographie.

Grâce à une rétrospective sur Wakefield Poole, le public découvrira donc Boys in the sand, un film gay tourné en Super 8 en 1971 qui peut se vanter d’être l’initiateur de la vague du «porno chic». Si ce terme a été emprunté par la mode pour étiqueter l’univers esthétique propulsé par Tom Ford et Carine Roitfeld à la fin des années 90, il fait à l’origine référence à une parenthèse, au début des années 70, de longs-métrages pornographiques sophistiqués aux Etats-Unis. Certains de ces films X créeront des files d’attente devant les cinémas, inaugurant une certaine démocratisation du genre, surtout grâce au phénomène «Gorge profonde», sorti en 1972, mais aussi «Derrière la porte verte» dont certaines scènes ont inspiré Kubrik pour «Eyes Wide Shot», et «L’enfer de Miss Jones».

Pour mesurer l’impact de «Boys in the Sand» quarante ans après sa sortie officielle, il faut considérer qu’il s’agissait du premier film hard gay haut de gamme distribué de manière légale et commerciale, des célébrités connues du grand public allant même le voir au cinéma. Si le film peut être relégué à la catégorie hard par son manque de dialogues et de développement des personnages, il dégage indubitablement une sensibilité éloignée des clichés du genre en vogue à l’époque. On y respire un érotisme sain et naturel, magnifiant la beauté plastique des acteurs et ponctué même par quelques éclats de romantisme naïf. En toile de fond apparaissent quelques fragments de Fire Island Pines, lieu idyllique au sud de Long Island, lié à l’histoire de la communauté gay américaine.

Sous son vrai nom
Suite au succès de «Boys in the Sand», Poole réalise «Bijou», film dans une veine nettement plus artistique et reconnu par Andy Warhol et Yves Saint Laurent. Pour amener les scènes de sexe, Poole construit une histoire au rythme somnambulique, avec des moments surréalistes et kaléidoscopiques au travers de jeux de lumière, couleurs et superpositions. Grâce au succès de ces premiers deux longsmétrages, Poole s’adonnera à un film softcore hétéro, «Bible», pour raconter, à sa façon, l’histoire de quatre personnages féminins: Eve, Bathschéba (jouée par la légende du X Georgina Spelvin), Dalila et Marie.

Le fait que Poole ait été danseur de ballet et chorégraphe à Broadway avant d’être réalisateur se ressent particulièrement dans cette production à la photographie, scénographie et costumes très soignés, mais cela ne suffira pas à sauver la pellicule du flop. Sa filmographie, son parcours de vie atypique et son courage – il était rare qu’un réalisateur porno signe de son vrai nom – lui ont valu l’attention du réalisateur Jim Tushinski qui lui a récemment consacré un documentaire intitulé «I Always Said Yes. The Many Lives of Wakefield Poole».

"Boys in the Sand": Poolside – Time Passes on Fire Island from Gorilla Factory Productions on Vimeo.

Pour compléter ce panorama érotique, le LUFF s’unira aux festivités des vingt ans de F.I.N.A.L.E, Fondation internationale des arts et littératures érotiques, ayant comme première vocation d’«être un centre de documentation et de conservation des expressions érotiques et des comportements amoureux». Parmi ses trésors coquins, le public pourra retrouver sur grand écran le délicieux et humoristique manifeste anglais anti-puritanisme «Personal Services», ainsi que quelques courts-métrages du «roi du porno» Lasse Braun, fils d’un diplomate italien ayant travaillé au Danemark et en Suède pour produire et légaliser le film porno.

» Le LUFF, du 19 au 23 octobre 2016 luff.ch