Trouver son tempo dans un monde qui va trop vite (ou pas assez)

L’été est là, et avec lui, la nouvelle campagne de DrGay. Cette année, le programme de l’Aide Suisse contre le Sida dédié aux hommes et aux personnes trans ayant des rapports sexuels avec des hommes et plus largement aux personnes LGBTIQ+ dans leur ensemble, nous invite à prendre un moment ou à passer à l’action. Le tout, sous un mot d’ordre simple mais essentiel : «Mon rythme – Ma vie».
Le message est clair: face aux pressions multiples qui pèsent sur les personnes LGBTIQ+ — qu’elles soient politiques, sociales ou communautaires — nous avons le droit de ralentir. Et le pouvoir d’accélérer.
Quand tout va trop vite: respirer, c’est exister
Dans nos communautés, les sollicitations sont nombreuses. Entre les notifications des applis de rencontre, les attentes implicites de performance sexuelle, les soirées festives où l’alcool (et parfois d’autres substances) sont les espaces de socialisation majoritaires et où l’on doit se conformer à certains codes, sans oublier le regard constant d’une société encore largement dya-cis-hétérocentrée, le rythme peut devenir infernal et la pression intenable.
Dans ce contexte, choisir de ralentir est un acte de résistance. Refuser d’enchaîner les soirées et les rencontres notamment sexuelles; ne pas se sentir dans l’obligation d’être «out» ou «fabulous» partout, tout le temps; prendre ses distances avec les standards de genre ou de beauté: tout cela est légitime. Pour beaucoup d’entre nous, c’est parfois même nécessaire et souvent salutaire.
Faire une pause, c’est aussi se donner la possibilité de se reconnecter à soi: lire, danser (chez soi), créer, marcher, discuter en petit comité, ou si l’on en ressent le besoin se tourner vers un service de santé. Se ressourcer et prendre soin de soi, c’est exister autrement que dans la représentation. C’est être vrai·x·e pour soi et avec les autres.
Quand ça ne bouge pas assez: initier le mouvement
Mais il y a aussi ces moments où le calme devient pesant et usant. Quand les injustices sociales, les attaques politiques contre les droits LGBTIQ+ ou le sentiment d’isolement nous effraient, nous paralysent ou nous révolte. Là aussi, DrGay donne un cap: reprendre l’initiative.
Cela peut être un petit pas ou un grand saut. Rejoindre un collectif ou s’engager dans une association, créer un espace safe entre adelphes, organiser un espace d’info et d’échange communautaire: chaque action compte. Parce qu’être ensemble, c’est se donner de la force. Et que faire communauté, c’est une réponse politique autant que personnelle. La mobilisation est aussi une manière de prendre soin de soi. Se battre, oui, mais pas seul·x·e.
Choisir son rythme, c’est aussi une question de santé
Notre rythme, c’est aussi celui de notre santé. Prendre soin de soi, c’est adapter les choses à sa réalité, ses besoins et ses attentes: faire une activité physique qui me plait; prendre un traitement d’affirmation de genre si, quand et comme cela me convient ; faire un dépistage aussi souvent et complet que c’est pertinent pour moi; réfléchir à une stratégie de prévention du VIH et adopter celle qui me correspond (relation exclusive, rapport sans pénétration – side, préservatif, traitement préventif – PrEP ou thérapeutique contre le VIH…) avec un suivi qui joue pour moi.
Il n’y a pas de bon ou de mauvais tempo: seulement celui qui me convient.
Que l’on soit dans une phase de repli, de réflexion, de transformation ou d’action, des ressources existent. Des personnes sont là pour écouter sans juger, conseiller, accompagner et soutenir. Parce qu’au final, c’est à chaque personne de composer sa propre partition. Cet été, que le tempo soit calme ou effréné, l’important est qu’il me convienne et me fasse du bien.
