Dreamers, la liberté commence dans la tête

Entre drame social et thriller, la Nigériane Joy Gharoro-Akpojotor raconte une bouleversante histoire d’amour entre migrantes noires queer derrière les barreaux. Un film fort et engagé.
Après avoir fui le Nigeria en raison de son homosexualité révélée et vécu deux ans en Angleterre sans papiers, Isio (Ronke Adékoluejo) est arrêtée et emmenée dans un centre d’asile. Elle tient à observer strictement les règles dans l’espoir d’obtenir rapidement une audience à l’issue favorable. Alors qu’elle s’habitue à la vie du lieu, elle tombe amoureuse de Farah (Ann Akinjirin), sa charismatique compagne de chambre. Plus lucide, cette dernière voit les choses très différemment. Pour elle, il n’y a rien à gagner à se soumettre.
Isio en doute et se moque un peu des fantasmes d’évasion d’autres détenues avec qui elle se lie d’amitié. Mais lorsqu’elle se trouve elle-même rejetée à plusieurs reprises et que la promesse d’une nouvelle vie est menacée, elle se rend compte à son tour que pour survivre, il faut enfreindre les règles et trouver une autre voie. La sienne.
Sans misérabilisme
Dans Dreamers, son premier film primé au dernier festival Everybody’s Perfect, la Nigériane Joy Gharoro-Akpojotor s’inspire de sa propre expérience du système d’asile britannique, pour évoquer le difficile parcours des demandeur·euse·x·s d’asile. Loin de tout misérabilisme, elle propose une odyssée poétique visuellement très soignée, multipliant les séquences oniriques sur la quête de liberté, qui se gagne aussi grâce à l’imagination, le rêve. Comme dit Farah, elle commence dans la tête.
Mêlant drame social et thriller, la réalisatrice raconte une bouleversante histoire d’amour et de libération intime derrière les barreaux, entre migrantes noires queer contraintes à l’invisibilité dans leur pays, où l’homosexualité est un crime. Un film fort, important, engagé, politique, prônant la dignité face à l’inhumanité d’un environnement hostile.
