Aimer l’“autre” sans trahir ses convictions politiques

Dans un climat social de plus en plus polarisé, aimer une personne dont les convictions politiques semblent incompatibles avec les vôtres peut paraître inconcevable. Pourtant, entre déshumanisation et empathie, se dessine une voie exigeante: celle de poser des limites claires sans renoncer à la reconnaissance de l’autre.
Dans un monde hyperpolarisé, aimer quelqu’un·e·x aux convictions radicalement opposées relève parfois de l’utopie – et suscite un emballement médiatique dès qu’une célébrité ose s’y risquer. Dernier exemple en date: Laverne Cox, actrice et militante transgenre, qui a révélé avoir été en couple avec un policier fan de Trump. Affolés, certains internautes l’ont taxée de «fasciste», quand elle réclamait seulement de voir l’être humain derrière la casquette MAGA (ndlr: Mouvement d’extrême droite américaine et acronyme de Make America Great Again.)
«Ne pas utiliser les outils du maître pour démolir la maison du maître»
La tendance à diaboliser l’“ennemi” est un mécanisme mental bien documenté: en lui ôtant son humanité, on justifie l’agressivité et on consolide nos propres certitudes. À rebours de cette pente, Audre Lorde nous exhorte à «ne pas utiliser les outils du maître pour démolir la maison du maître»: autrement dit, résister à la tentation de répondre à l’intolérance par l’exclusion pure et simple.
Tracer ses limites
Reconnaître l’autre ne signifie pas tout accepter: on peut aimer sans cautionner. La clé peut-être? Des frontières relationnelles claires:
Croissance personnelle
S’exposer à des opinions contraires est souvent douloureux, mais fertile : on découvre ses propres angles morts, on affine son esprit critique, et on forge sa résilience. Aimer l’“autre” devient alors un laboratoire d’empathie capable de désamorcer la violence verbale et la défiance.
Un enjeu universel
Cette tension entre liens affectifs et divergences politiques ne concerne pas que les Etats-Unis: en Suisse et en Europe aussi, nous sommes confronté·x·es à la montée des extrêmes et aux débats autour de nos valeurs communes. La démocratie, finalement, ne se jouerait-elle pas dans ces interstices de compréhension mutuelle: oser tendre la main, tout en sachant dire non?
