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Viva la revolucion

A l’image de l’Espagne post-franquiste il y a 25 ans, le Chili vit aujourd’hui sa libération sociale, culturelle et sexuelle. Au cœur du changement: l’action des associations LGBT.

A défaut du procès du général Augusto Pinochet, qui n’aura probablement jamais lieu, le Chili a-t-il trouvé un moyen d’exorciser son lourd passé? «El destape», le petit nom que l’on donne au vent qui souffle depuis quelque temps sur Santiago, comme le fut «la movida» dans les années 80 en Espagne, en a tous les symptômes. De manière inattendue, voici que le pays le plus conservateur d’Amérique latine vit à l’heure de la libération des mœurs, visible dans une culture qui, libérée des comités militaires jusqu’ici chargés de la surveiller de près, se dénude et s’exprime. Elle se traduit aussi par d’importantes réformes législatives: une loi autorisant le divorce – interdit depuis 1884, la puissante Eglise catholique avait jusqu’ici toujours réussi à s’opposer à l’abrogation de cette loi – a enfin été introduite. Mais surtout, des droits ont été accordés aux homosexuels, un événement historique.
Ces réformes doivent certes beaucoup à l’arrivée au pouvoir, en 2000, du président socialiste Ricardo Lagos. Mais «c’est hors des partis traditionnels que cette révolution des mentalités se construit», souligne Ricardo Jimenez, président du MOVILH (Movimiento de Integración y Liberación Homosexual), organisme très actif dans ces victoires. «A la fin de la dictature, le mouvement social était totalement laminé. Certains courants (syndicalistes, étudiants, féministes, indigènes…) se sont certes reformés sous la démocratie mais ils se sont vite dilués dans le confort de positions institutionnelles. Ce sont de nouveaux mouvements, hors partis, le plus souvent ancrés dans des communautés locales, qui font aujourd’hui bouger la société chilienne. Les associations LGBT incarnent parfaitement cette nouvelle forme de lutte.»
Et quel changement quand on songe qu’en 1997 des gays étaient encore envoyés en prison pour sodomie! Aujourd’hui, un projet de loi devrait permettre d’introduire un Pacs. A Santiago, des bars gays fleurissent un peu partout, la communauté LGBT compte même ses journaux alternatifs (www.opusgay.cl), impensable il y a encore dix ans. Ricardo Jimenez reste toutefois prudent: «Les valeurs conservatrices sont encore bien ancrées dans la culture chilienne. Quand on parle des homos à la télévision par exemple, c’est le plus souvent sous des angles totalement folkloriques et frivoles. Notre travail consiste à éduquer les milieux intellectuels.» Il reste du pain sur la planche: l’an dernier, le maire conservateur de la ville, Joaquin Lavin, a bien compris qu’il était temps d’exploiter les effets du «destape»: durant sa campagne, il posait avec des prostituées transsexuelles. Non pour reconnaître leur existence, mais pour leur promettre de leur trouver… un travail de coiffeuse!
A cette folklorisation s’ajoutent tous les résistants actifs. Parmi eux, la hiérarchie catholique bien sûr – encore que, éclaboussée récemment par des scandales de pédophilie, elle peine à «donner l’exemple» – mais aussi de nouveaux mouvements qui rappellent de très mauvais souvenirs de bruits de bottes: le 15 mai dernier, les néonazis appelaient à défiler devant les locaux du MOVILH, au nom de la «lutte anti-homosexuelle».