Vevey

La Drift spéciale Y2K

sam 6 décembre, 23:00
Sion

Queernotzet #8

sam 13 décembre, 22:00
Neuchâtel

Brunch Drag

dim 7 décembre, 11:30
Lausanne
#Danse

Fampitaha, fampita, fampitàna

jeu 11 décembre - sam 13 décembre

Incorrect€

Au printemps dernier, on apprenait que l’entreprise américaine Microsoft avait été condamnée par la Commission européenne à payer une amende de 497 millions d’euros pour «abus de position dominante». Non que je m’intéresse particulièrement aux lois de la concurrence sur le marché de l’informatique, mais la formule m’a immédiatement ramenée aux soucis plus terre-à-terre que me cause Bill Gates dans ma vie quotidienne.

Comme la grande majorité des utilisateurs de traitements de textes, je travaille donc sur l’omnipotent Microsoft Word et j’entends bien profiter de cet espace blanc qui m’est donné à cet instant, là devant moi, pour adresser un coup de gueule au patron le plus riche de la terre. Depuis le temps que j’écris dans 360° et relis les textes de mes petits camarades, il fallait que je le dise: je ne supporte plus ce correcteur orthographique qui se charge de surveiller le moindre faux pas, de traquer la moindre extravagance dans nos écrits. Non seulement l’énergumène –– dont on ne peut malheureusement se passer – ne connaît pas les mots les plus fréquemment utilisés dans ces colonnes, mais il trouve toujours à redire sur chacun de nos mots fétiches ou inventifs, se montrant plus rétrograde qu’un retraité de l’Académie française, particulièrement lorsque nos fantaisies empruntent à des langues étrangères.
Passe encore, cher correcteur, que tu cires les pompes à ton patron Bill Gates («pour une particule de noblesse, la capitale est conseillée») et que tu ne connaisses point nos starlettes nationales Patrick Juvet («Jouvet?»), Ruth Dreifuss («Dreyfus?») ou Moritz Leuenberger («aucune suggestion») – lire notre test «spécial gay pride («prude?»)» p. 26. On te pardonne aussi que tu ne sois guère familier des mots qui égaient notre univers, comme la gaytitude (gayettes?), l’homoparentalité («aucune suggestion») ou le mariage homo (tiens, personne ne bronche, le Massachussetts, pardon Massachusetts, est sans doute déjà passé par-là). Et inutile de s’étonner que les précurseuses («précubistes»?) des nouvelles tendances de la nuit (lire notre dossier en p. 4) te fassent réagir ; mais non de plaisir: tout ce qui est féminisé ne rentre tout simplement pas dans ton vocabulaire.
Mais là où le pot à encre déborde, c’est que je viens de découvrir qu’il m’est désormais impossible de m’adresser aux abonné€s de ce magazine de manière politiquement correcte, sujet pourtant hautement sensible. Avec la dernière version de Word, chaque mot doté d’un féminin à option (un «e» entre parenthèses à la fin d’un mot) se transforme en €, le sigle de la monnaie européenne… Chez Microsoft, le fric prime sur le féminin. 497 millions d’€ d’amende? Pas de doute, c’est bien ce que mérite un «abuseur de position dominante».