Toute la sensualité brésilienne de Baby

Présenté à Cannes en 2024 dans le cadre de la Semaine de la critique, Baby, le deuxième long métrage de Marcelo Caetano, débarque enfin dans les salles romandes le 26 mars. Entre sensualité, découverte de soi et quête de pardon, le film explore avec subtilité la complexité des relations amoureuses et familiales dans le Brésil contemporain. Des places sont à gagner pour découvrir ce bijou sur grand écran.
Baby, deuxième long métrage du cinéaste brésilien Marcelo Caetano, est d’abord l’histoire d’une exploration intime. Wellington, un jeune homme abandonné par sa famille, se retrouve livré à lui-même à sa sortie de prison dans la mégalopole crasse et violente de São Paulo. Il y rencontre Ronaldo, un homme plus âgé, qui conjugue sensualité et émotion à son parcours initiatique queer.
Dans un français parfait, Caetano nous a partagé les ingrédients d’un film solaire qui dévoile subtilement toute l’ambiguïté des relations amoureuses et familiales dans un Brésil d’aujourd’hui.
São Paulo crève l’écran
São Paulo est omniprésente dans le récit, à la fois magnétique, vibrante et dangereuse. Caetano rend un bel hommage à la ville qui l’a accueilli il y a plus de 20 ans et qui incarne toute la complexité de l’aventure picaresque de Wellington: «Tous les lieux de tournage sont dans le quartier où je vis, en particulier l’avenue São João et la place de la République. J’avais l’idée de prendre ce paysage familier et de le mettre dans un film, comme une déclaration d’amour».
«À 17, 18 ans, je prenais un bus le week-end pour aller à São Paulo vivre la nuit.»
Dans ce centre-ville délaissé par les pouvoirs publics a émergé l’épicentre de la communauté LGBT+ brésilienne : ses premiers clubs, une scène voguing, une mobilisation associative… Une scène queer qui a attiré le réalisateur dès la fin de son adolescence: «À 17, 18 ans, je prenais un bus le week-end pour aller à São Paulo vivre la nuit».
Tourner ce film pendant la présidence populiste de Bolsonaro a représenté une véritable épreuve, avec un financement long et complexe au cœur d’une société polarisée devenue plus conservatrice à l’égard des histoires LGBT+.
La complexité du lien familial
Baby explore l’intimité dans toute la diversité des familles (monoparentales, homoaffectives ou amicales). Ces nuances familiales font l’objet de beaucoup de contestation au Brésil alors que les factions évangéliques devenues puissantes rejettent toute représentation “non conventionnelle”.
Caetano montre pourtant toute la beauté de ce lien, biologique ou choisi: «On quitte une petite ville pour chercher sa liberté sexuelle et affective mais le seul moyen de survivre à la solitude, c’est de construire sa famille».
Ambiguïté amoureuse et pardon
Baby est un drame social qui aurait pu facilement devenir une tragédie grecque. Mais c’est la douceur et la subtilité qui transcendent la complexité de la relation entre Wellington et Ronaldo.
Caetano explique qu’il était essentiel de dépasser une vision stéréotypée dans laquelle les pauvres sont généralement égoïstes et violents : «Lorsque vous êtes dans une situation de marginalité, vous apprenez à vivre avec le caractère et les erreurs des autres. Nous, au Brésil, nous sentons obligé·e·x·s de construire des liens de solidarité en tout temps».
Une ode au pardon, une sensualité juste, et l’alchimie troublante entre les deux acteurs:
3 raisons pour courir voir ce petit bijou présenté à Cannes en 2024 dans le cadre de la Semaine de la critique. Sortie en salle en Suisse romande le 26 mars.
5 x 2 invitations sont à gagner pour découvrir Baby en salle! Pour participer au concours et tenter de gagner vos places, rendez-vous ici.