10 ans pour le meurtrier d’un homosexuel
Crime homophobe ou coup de folie, le procès du meurtre d'un gay fribourgeois par un ancien militaire russe a abouti à «jugement de Salomon».
L’affaire remonte à septembre 2003, où le requérant d’asile russe, alors âgé de 34 ans a étranglé un homme de 63 ans au terme d’une soirée arrosée à Lausanne. Devant la cour, le prévenu a expliqué que la victime, l’ayant invité chez lui à Fribourg, se serait déshabillé, puis jeté sur lui en tentant de le caresser et de l’embrasser. Dès lors, le prévenu prétend avoir réagi de manière violente et impulsive, sous le coup d’un dégoût irrépressible qu’il fait remonter à une tentative de viol subie de la part d’un homme, lorsqu’il avait 10 ans.
La crédibilité de l’accusé est toutefois mise en doute par des antécédents judiciaires, les témoignages qui tendent à prouver que les deux hommes se connaissaient déjà depuis plusieurs semaines – mais aussi suite à la découverte à son logement de cassettes pornographiques comprenant des scènes homosexuelles.
Le chroniqueur de La Liberté remarque toutefois de l’absence totale d’intérêt porté à la victime lors de ce procès mené au pas de charge: «Ni la vie, ni la personnalité de la victime n’ont retenu une seule minute l’attention des juges. Ceux-ci ont certainement établi un record dans l’instruction d’une affaire criminelle.» Et de s’étonner «que les nombreux amis de la victime, qui était assez populaire dans les cafés du Bourg, brillent davantage par leur absence que par leur solidarité.»
Peine atténuée
L’accusation ayant requis 15 ans de prison, la cour a finalement prononcé le 20 juillet une peine de 10 ans d’emprisonnement. C’est la forte consommation d’alcool par le meurtrier et sa victime – et non la soi-disant «absence d’habitude par rapport aux homosexuels» interprétée par la défense comme un aveu implicite d’homophobie – qui a motivé l’atténuation de la sentence.
Sources : La Liberté, Le Temps, rsr.ch